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"Les policiers ont parfois l'impression d'être les éboueurs de la société"

Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet. [Keystone - Martial Trezzini]
Pierre Maudet, conseiller d'état genevois / L'invité de la rédaction / 22 min. / le 20 février 2017
"On ne peut pas parler de dégénérescence de l'institution policière", a affirmé lundi le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet. Il répondait à l'analyste Frédéric Maillard, qui pointait une augmentation des violences.

"La société connaît à certains égards une certaine forme de dégénerescence. La police n'en est que le reflet, voire le réceptacle. Les policiers ont parfois l'impression d'être les éboueurs de la société, ils l'expriment de diverses manières... mais je ne crois pas qu'on soit partis sur une telle pente descendante en deux ans", a déclaré Pierre Maudet, président de la conférence latine des directeurs cantonaux de justice et police, dans le Journal du matin de la RTS.

Il réagissait aux propos de l'analyste des pratiques policières Frédéric Maillard, qui évoquait jeudi dans la même émission une dégénérescence des pratiques policières depuis 2015, en particulier dans les cantons latins, avec toujours plus de discriminations et des interpellations qui tournent mal.

>> Lire : "On assiste à une dégénérescence dans la pratique policière en Suisse"

"Chaque jour, 300 interventions de police se déroulent sous mes ordres. Et seules 80 plaintes sont déposées chaque année pour des comportements qui posent problème", a ajouté le Conseiller d'Etat genevois, reprochant à Frédéric Maillard l'absence de statistique pour étayer ses déclarations.

Une autorité "attendue"

Pierre Maudet a également rejeté les critiques formulées contre l'académie de Savatan, en Valais, où sont formés une partie des policiers romands, notamment les Genevois depuis une année. Frédéric Maillard y parle d'une pédagogie autoritaire, voire d'infantilisation.

"Oui, Savatan est placée sous le signe de l'autorité. C'est quelque chose d'attendu des aspirants policiers et de la société", a répondu le magistrat genevois, qui insiste sur l'importance de "rétablir la confiance entre la police et la population".

"La police n'est pas une coopérative"

"La police n'est pas une coopérative (...) elle ne peut pas fonctionner sur un mode participatif", a-t-il souligné, réagissant aux allégations Frédéric Maillard, selon qui un bon agent doit être capable de dire non à sa hiérarchie.

Or, pour Pierre Maudet, "un bon policier fait preuve de discernement".

jvia

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