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"Avec ce référendum, je veux éviter que la Suisse glisse vers le populisme"

Faire appel au peuple n est pas du populisme
"Faire appel au peuple n'est pas du populisme" / L'actu en vidéo / 1 min. / le 10 janvier 2017
"Le référendum contre la loi d'application du 9 février n'est pas contre la loi mais sur la loi", a expliqué mardi à la RTS le politologue Nenad Stojanovic. Pour lui, ce scrutin permettrait de clouer le bec à l'UDC.

A l'origine du texte "contre l'immigration de masse, l'UDC a finalement renoncé à lancer un référendum contre la loi d'application votée par le Parlement le 16 décembre. Celui-ci est finalement venu d'un politicien tessinois de gauche qui a jusqu'au 7 avril pour récolter 50'000 signatures.

"J'ai espéré jusqu'au dernier moment que quelqu'un d'autre, notamment l'UDC, fasse le référendum. Cela me surprend que ce parti qui a combattu la loi et qui a une certaine expérience des référendums renonce. Je pense qu'ils ont eu peur que ce peuple au nom duquel il prétend parler ne le suive pas", analyse Nenad Stojanovic dans le Journal du matin.

La démocratie directe est un outil exceptionnel qui permet de démasquer le populisme

Nenad Stojanovic

"J'ai agi en tant que citoyen qui cherche à éviter que le pays glisse vers le populisme où un parti ou certains partis prétendent avoir le monopole sur ce que le peuple pense", se justifie Nenad Stojanovic qui se défend de tout populisme.

"Faire appel au peuple n'est pas du populisme", souligne-t-il. "Le leader populiste prétend parler au nom du peuple comme s'il était une unité solide alors la démocratie directe est un outil exceptionnel qui permet de démasquer ce phénomène", détaille-t-il.

Risque de récupération?

Rejoint par de nombreux soutiens, de tous bords politiques, Nenad Stojanovic salue "un attachement" à la démocratie directe. Mais ne craint-il pas que son initiative soit récupérée par des intérêts très différents des siens? "Si on fait de la politique, on doit être prêt à ces alliances contre nature. Nous avons un but commun: le référendum doit avoir lieu. Après, nos chemins se sépareront à nouveau", estime le politologue qui a refusé à plusieurs reprises de donner une indication sur le nombre de signatures récoltées à ce stade.

Quant à l'hypothèse que le peuple rejette la solution votée par le Parlement le 16 décembre, elle ne l'inquiète pas plus que cela. "En cas de non, ce serait un retour à la case départ mais on saurait parce qu'on lui aurait demandé. Si on ne le fait pas, l'UDC va nous dire dans ces prochains mois ce que le peuple veut".

Nenad Stojanovic estime par ailleurs que la Suisse ne perdrait pas trop de temps en cas de non. "Le Conseil fédéral devra faire une ordonnance pour mettre en oeuvre cet article constitutionnel sur l'immigration de masse. Je m'attends à ce que ce décret d'application soit un peu plus dur que la loi mais sans mettre en danger les accords avec l'Union européenne pour autant", explique le chercheur qui assure que cela pourrait même intervenir dans les jours qui suivraient un référendum.

>> Ecouter l'entier de l'interview :

Nenad Stojanovic, politologue, chercheur à l'Université de Lucerne. [Ti-Press/Keystone - Carlo Reguzzi]
L'invité de la rédaction - Nenad Stojanovic / Le Journal du matin / 15 min. / le 10 janvier 2017

jgal

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