Publié

Du matériel médical vendu jusqu'à quatre fois plus cher en Suisse

Des pansements à prix d’or
Des pansements à prix d’or / Mise au point / 11 min. / le 18 septembre 2016
Les appareils médicaux sont vendus deux à quatre fois plus cher sur le marché suisse que dans les pays voisins, selon une enquête diffusée dimanche par Mise au Point. Les fabricants sont pointés du doigt.

Au classement mondial, la Suisse est le deuxième pays, après les Etats-Unis, avec les coûts de la santé les plus élevés. Au-delà des tarifs des médicaments, le prix du matériel médical est en cause.

Les bandelettes de test de glycémie utilisées par les diabétiques reviennent par exemple à 87,60 francs sur le marché suisse, contre 40 francs en France ou en Allemagne. Le patient ne peut toutefois pas se fournir à l'étranger puisqu'il perdrait, ce faisant, le droit à tout remboursement.

Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne, où près de 7% du budget est consacré aux appareils médicaux, la lutte contre les tarifs excessifs est devenue un combat quotidien.

Un marché spécifique

"Lorsqu'on contacte un fabricant à l'étranger, dès qu'il identifie l'interlocuteur comme étant la centrale d'achat des hôpitaux universitaires, il nous renvoie systématiquement vers le distributeur suisse de manière à pouvoir appliquer les prix suisses", explique Ricardo Avvenenti, directeur de la centrale d'achats et d'ingénierie biomédicale Vaud-Genève.

Or, si le coût de commercialisation un peu plus élevé pour la Suisse rend selon lui acceptable un dépassement de prix de 15 à 20% par rapport à ceux pratiqués en Europe, il juge "injustifiés" les facteurs 4 ou 5 pratiqués sur certains dispositifs médicaux.

"Ce n'est pas vrai pour tous les 'medical device', et puis il y a huit millions d'habitants en Suisse et 80 millions en Allemagne. Les hôpitaux achètent par conséquent des volumes différents", tente de justifier Armin Schrick, le vice-président de la Fédération suisse de technologie médicale.

On paie des prix surfaits. Cela se répercute sur notre prime maladie et tout le monde en souffre

Stefan Meierhans, surveillant suisse des prix

"On paie des prix surfaits. Cela se répercute sur notre prime maladie et tout le monde en souffre. C'est un marché qui ne fonctionne pas comme les autres. Il faut le réguler et c'est là qu'on a des lacunes", accuse pour sa part le surveillant des prix, Stefan Meierhans.

Potentiel d'économies

Du côté de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui met actuellement à jour une liste de remboursements, on juge le potentiel d'économies largement surestimé dans le débat politique. "Des réductions de prix sont encore possibles", confirme toutefois le vice-président de l'Office, Olivier Peters, qui garantit que la Confédération fera "au mieux".

Pour les seules bandelettes de test de glycémie, le potentiel d'économies s'élève à 50 millions de francs, selon une estimation de Santésuisse.

François Ruchti/jgal

Publié

Des prix qui ne garantissent pas une meilleure sécurité

Malgré des prix plus élevés, la sécurité des appareils achetés par les médecins et les hôpitaux n'est pas meilleure en Suisse. En effet, la gestion des risques est laissée aux fabricants, et les conséquences ne sont pas que financières pour les patients.

Une habitante de Rolle, rencontrée par Mise au Point, en a fait l'amère expérience. Sa prothèse de la hanche, facturée 2000 francs plus cher qu'en France, s'est révélée potentiellement dangereuse. Si l'appareil a, depuis, été retiré du marché, elle n'échappera pas à une nouvelle opération.

Le scandale des prothèses de hanche métal-métal, qui a suivi de peu celui des implants PIP en 2012, a mis en exergue la faiblesse des contrôles en matières de dispositifs médicaux. Depuis, Berne a pris des mesures.

"Le suivi après opération est devenu plus pointu. Nous avons des registres nationaux qui permettent de détecter très rapidement des types de prothèses problématiques", explique la professeure Brigitte Jolles-Haeberli, une référence dans le domaine, régulièrement consultée pour aider des patients d'autres médecins ayant des problèmes de prothèses.

Ce suivi par registre n'existe toutefois que pour les prothèses de hanche et de genou, mais des discussions sont en cours pour élargir ces contrôles.