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Des investissements immobiliers de l'EPFL à risque pour la Confédération

Le Contrôle fédéral des finances recommande à l’EPFL de sortir de ses partenariats
Le Contrôle fédéral des finances recommande à l’EPFL de sortir de ses partenariats / 19h30 / 2 min. / le 29 août 2016
Deux complexes immobiliers de l’EPFL réalisés en partenariat avec des privés pourraient valoir une facture de 380 millions de francs à la Confédération, selon le Contrôle fédéral des finances (CDF).

Les 7,2 millions de francs de loyer annuel versés par l’EPFL à UBS pour le Quartier de l’innovation (investissement de 142 millions) et les 10,6 millions à Credit Suisse pour le Quartier Nord (investissement de 224 millions) sont élevés et les rendements pour les banques excessifs, estime le CDF d’autant que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) assume également les frais d’entretien des bâtiments.

Face à ces charges inhabituelles et au risque que la rentabilité des bâtiments ne s’améliore pas à l’avenir, l’autorité de contrôle recommande d’envisager une sortie de ces contrats dès que possible, soit après 30 ans. Une sortie anticipée entraînerait le versement d’une indemnité aux investisseurs de 143 millions pour le Quartier de l’innovation et de 238 millions pour le Quartier Nord. Des sommes qui au final seraient contractuellement à la charge de la Confédération propriétaire des terrains et nécessiteraient l’aval du Parlement.

Risque théorique

Risque peut-être, mais risque purement théorique, réplique l’EPFL. "Certes, ce modèle de financement n’était pas la meilleure solution, mais c’était la seule à disposition pour assurer le développement de l’EPFL. Le recours à l’hypothèque ou l’utilisation du fonds de roulement de l’Ecole sont interdits", explique son responsable "logistique et bâtiments". André Schneider se dit convaincu qu’à terme un équilibre est possible, y compris pour essuyer les pertes du centre de congrès, le Swiss Tech Convention Center, qui contribue largement à plomber les résultats du Quartier Nord (perte de près de 7 millions de francs en 2015).

Réagissant aux taux de rendement proches de 4,5% assurés aux investisseurs et jugés trop élevés par le CDF, le Conseil des EPF les replace dans le contexte des années 2008 et 2010, alors que les taux d’intérêt n’avaient pas encore atteint le niveau plancher d’aujourd’hui. Un argument que le CDF reconnaît d’ailleurs. "On peut toujours dire après qu’on aurait pu faire ceci ou cela mieux. Aujourd’hui nous ferions peut-être un peu différemment", réagit le Président des EPF Fritz Schiesser. Les contrats ont été examinés et les risques pesés. Selon lui, le Conseil ne regrette pas le feu vert accordé à l’EPFL.

Partager les risques

Interrogé par la RTS, le conseiller national Mathias Reynard s’alarme du risque financier de ce partenariat public-privé pour la Confédération. "Je crois qu’on est en droit d’attendre des améliorations, et d’être très attentifs à ces partenariats. C’est la grande mode aujourd’hui, mais si on le fait, il faut que ce ne soit pas trop favorable au privé par rapport au public qui ne peut pas supporter à lui seul le risque, car c’est l’argent de la population", rappelle le socialiste valaisan.

Les conclusions de cet audit posent la question des risques financiers en matière d’immobilier dans les hautes Ecoles. Pour le directeur du Contrôle des finances, une chose est sûre: "Prendre des risques, quand il s’agit de créer un nouveau laboratoire ou de développer une nouvelle technologie oui, mais prendre des risques sur la gestion d’un centre des congrès, je pense que ce n’est pas forcément la première mission de l’EPFL."

Natalie Bougeard et Pascal Jeannerat/ebz

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