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Thomas Wiesel: "J'en ai marre d'entendre qu'on est dans l'ère du politiquement correct"

Thomas Wiesel: "J'en ai marre d'entendre qu'on est dans l'ère du politiquement correct"
L'interview de l'humoriste Thomas Wiesel / L'actu en vidéo / 2 min. / le 4 août 2016
Le jeune humoriste romand Thomas Wiesel a affirmé sur les ondes de la RTS jeudi que le politiquement correct n'a pas muselé les humoristes, mais qu'ils doivent redoubler d'efforts pour faire rire sans blesser.

Tout juste rentré d'une tournée au Québec et avec à peine quelques heures de sommeil engrangées, Thomas Wiesel, rebondissant d'un sujet d'actualité à son expérience personnelle, a usé de son habituel ton franc jeudi dans le Journal du matin de la RTS.

Il a manqué une génération d'humoristes en Suisse, du coup les jeunes ne se reconnaissent pas et pensent que c'est de l'humour de papa.

Thomas Wiesel

"Je ne sais pas s'il existe un humour suisse. Aujourd'hui, les références dépassent les frontières et mon humour passe mieux au Québec qu'à Paris par exemple", note le jeune homme de 27 ans, qui se dit fier de pouvoir intéresser une nouvelle génération à l'humour.

"Il a clairement manqué une génération d'humoristes en Suisse romande, ce qui fait que quand on parle d'humour suisse aux jeunes, ils pensent que c'est l'humour de papa", analyse-t-il.

Engagé

Aujourd'hui, avec d'autres jeunes humoristes comme Marina Rollman ou Charles Nouveau, Thomas Wiesel offre un renouveau à l'humour suisse. Après un premier stand-up remarqué en 2011, il enchaîne les chroniques sur les ondes de One FM puis de la RTS et se produit autant au Jamel Comedy Club ou au Montreux Comedy Festival qu'au Forum des 100 ce printemps.

Mes détracteurs me reprochent souvent de faire davantage de politique que d'humour.

Thomas Wiesel

Et l'humour que propose Thomas Wiesel n'est pas dénué de politique.

"J'adore ce que font Vincent Veillon et Vincent Kucholl dans "26 minutes", mais je regrette qu'on ne sache jamais ce qu'ils pensent. Moi, je donne mon avis, je me mouille politiquement. On me reproche d'ailleurs souvent de faire davantage de politique que d'humour."

Celui qui souhaiterait voir apparaître un "Daily show" à la romande, sur le modèle d'un John Oliver, aime inciter les gens à aller voter et à prendre part à la vie publique dans ses sketchs. "J'essaie de donner un avis extérieur, un avis de citoyen."

Son sketch sur le revenu de base inconditionnel, avant la votation de juin, a d'ailleurs connu un franc succès.

L'ère du politiquement correct?

Quant à la question de savoir si les humoristes s'auto-censurent toujours davantage dans une ère du politiquement correct, Thomas Wiesel estime que la liberté d'expression est en fait bien plus grande qu'il y a 10, 20 ou 30 ans.

"Aujourd'hui, on ne peut plus se moquer de certaines communautés ou minorités culturelles sans qu'elles répliquent immédiatement par des procès; mais il y a 40 ans on ne pouvait pas dire un gros mot sur scène sans être directement amendé. Il y 20 ans, Patrick Timsit a dû aller au tribunal pour un sketch sur les mongoliens."

L'humour ne doit pas être un prétexte pour faire du gay bashing ou taper sur les faibles comme ça a été le cas pendant longtemps.

Thomas Wiesel

"On est beaucoup mieux informés de nos jours, poursuit-il, et on doit faire son travail encore plus consciencieusement, mais ce n'est pas vrai qu'on n'a plus rien le droit de dire. Pour ma part si c'est mérité, je ne me gêne pas de rire de tout et de tout le monde."

Ainsi, la guerre en Syrie est une thématique qui peut être traitée avec humour, mais il faut être d'autant plus précautionneux que le sujet est dramatique et sensible, explique celui qui se défend de ne taper que sur l'UDC.

sbad

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