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"A terme, l’utilisation des pesticides est condamnée", selon Fernand Cuche

Fernand Cuche sur un chemin pierreux, sol valorisé par la Confédération au titre de la durabilité et de la protection du paysage. [RTS - Simon Corthay]
L'invité de la rédaction - Fernand Cuche / Le Journal du matin / 15 min. / le 20 mai 2016
"Après la Deuxième Guerre mondiale, nous étions dans l'urgence de produire beaucoup. Maintenant, nous sommes dans l'urgence de produire mieux", déclare le Vert neuchâtelois Fernand Cuche à la RTS vendredi.

"On est dans une impasse. La question est combien de temps allons-nous y rester", résume l'ancien conseiller d'Etat neuchâtelois, invité dans le Journal du matin.

"A terme, le modèle productiviste intensif, qui favorise la monoculture et le recours acharné aux pesticides et aux engrais de synthèse est condamné", pronostique l'ancien élu Vert. Ce modèle fait mourir tant les sols que les agriculteurs, selon lui.

A chaque dose de pesticide qu'on met sur le sol, c'est un peu la mort qu'on amène

Fernand Cuche

Après 1945, l'Europe souffrait de sous-alimentation. Il y avait urgence à produire en abondance et la chimie a permis de rattraper la situation, explique Fernand Cuche. Mais depuis, "les firmes agro-industrielles se sont saisies des cartes maîtresse de l'agriculture. Elles dépossèdent les politiques et les peuples du droit de décider de la qualité de l'alimentation", déplore-t-il. "Nous sommes à nouveau dans l'urgence", souligne-t-il.

"Il faut passer de l'agrochimie à l'agroécologie"

Pour Fernand Cuche, il faut passer de "l'agrochimie à l'agroécologie", il faut mettre en place "un nouveau modèle agricole", avec "un sol vivant", des "cultures diversifiées", un recours "au cycle naturel de l'eau" et de l'écologie à tous les niveaux. Il faut aussi augmenter le nombre de personnes qui travaillent dans la production, qui représente actuellement en Suisse 2 à 3% de la population active.

"Il est temps qu'on se réapproprie le développement de notre agriculture", assène-t-il. "D'autant que nous avons réalisé des progrès dans les cultures alternatives", permettant aux produits "d'avoir des qualités gustatives et nutritives extrêmement importantes", affirme-t-il.

Il va falloir encore innover, ce qui va créer de l'emploi car il faut des chercheurs, des biologistes et des ingénieurs agronomes, promet-il encore.

Le pouvoir politique doit reprendre le contrôle

"J’espère que dans les années qui viennent le pouvoir politique va reprendre les rênes sur cet enjeux fondamental, qui touche la santé des consommateurs, la fertilité des sols, la qualité de l’eau et la qualité de l’air", confie Fernand Cuche, en ajoutant "que ça plaise ou non à Monsanto".

Dans ce sens, la Commission européenne a preuve de "sagesse" jeudi en reportant sa décision sur la prolongation de l'autorisation du glyphosate, un herbicide dont l’impact sur la santé est controversé.

Les grandes firmes "doivent changer d'orientation", conclut-il.

bri

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