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Le tourisme de la procréation assistée à l'étranger se développe

La clinique est située à Brno, deuxième plus grande ville de République tchèque. [mafiv.ch]
Le tourisme de la procréation assistée à l'étranger se développe / Forum / 7 min. / le 18 mai 2016
Après avoir fait appel elle-même au moyen de la procréation médicalement assistée (PMA) à l'étranger, Adva Grundman vient de créer un site internet pour aider les couples à faire de même.

Elle collabore pour cela avec une clinique privée de Brno, en République tchèque, que ce soit pour un don d’ovocytes ou d’embryons ou pour une fécondation in vitro (FIV), et possiblement aussi pour un diagnostic préimplantatoire (DPI).

Même si son activité ne fait que démarrer, elle explique dans une interview à l'émission Forum que les couples qui l'ont déjà consultée l'ont fait pour des raisons de prix par rapport à la Suisse ou pour pouvoir bénéficier d'une technique - le don d'ovocytes - qui est interdite en suisse. Une seule personne l'a consultée aussi par rapport à une possible maladie.

Le recours à la PMA est pour le moment quelque chose que les gens ne disent pas

Adva Grundman

Le cadre législatif actuel en Suisse, explique-t-elle, peut pousser des couples à se tourner vers l'étranger pour augmenter leurs chances d'avoir une grossesse. Mais Adva Grundman note que le recours à la PMA, "c'est pour le moment quelque chose que les gens ne disent pas (…) c'est un petit peu caché." Elle constate un grand intérêt à l'information sur ces questions. "Je sais que mon site est beaucoup regardé parce que, plus qu'un accompagnement, il donne aussi pas mal d'explications. Donc je pense que ça peut aider déjà certaines personnes."

Cette mère d'une fille née en 2015 grâce à la PMA reconnaît l'excellence du système de santé suisse en général, mais "dans ce domaine justement, le service n'est pas exemplaire vu que la loi est très restrictive", dit-elle.

On n'a pas attendu le DPI pour ne pas vouloir de handicap

Adva Grundman

A propos du DPI, Adva Grundman ne craint pas - si la loi d'application passe le 5 juin - une forme d'eugénisme comme le pensent les opposants. "Je ne pense pas du tout, parce qu'on a déjà un diagnostic comme l'amniosynthèse qui est très courant." Or, affirme-t-elle, "le DPI n'est pas vraiment très différent de l'amniosynthèse, sauf qu'on le fait sur un embryon et pas sur un fœtus (…) On n'a pas attendu le DPI pour ne pas vouloir de handicap." De toute façon, toutes ces techniques n'écartent finalement pas beaucoup de types de handicaps, constate Adva Grundman.

"Il y a des choses qui ne sont visibles ni avec l'amniosynthèse ni avec le DPI. On ne peut pas avoir un embryon parfait, loin de là. C'est juste le test de quelques chromosomes et on écarte peut-être de grosses anomalies comme des trisomies, etc. Mais il reste des anomalies qu'on ne peut pas voir, même avec un DPI."

Même si le peuple accepte la loi le 5 juin, restera toujours le problème du remboursement de cette technique

Adva Grundman

Cela dit, cette adepte de la PMA en général soutient le projet soumis au vote le 5 juin. "Je pense qu'il faut l'accepter de toute façon parce que c'est une évolution (…) Je dissocie les personnes qui vont à l'étranger pour une question de moyens et les personnes qui y vont pour une question de techniques. Je me positionne donc pour faire avancer la Suisse."

Et même si le peuple suisse accepte la loi d'application le 5 juin après avoir accepté l'an dernier le principe du DPI, restera toujours le problème du remboursement de cette technique. "Parce qu'en Suisse rien n'est remboursé" dans ce domaine alors que c'est le cas en France ou dans d'autres pays, rappelle-t-elle. "Le DPI ne sera pas remboursé, j'imagine, puisque c'est lié à la FIV. Donc ça reste quand même peu abordable."

oang

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Le prix d'un cycle de fécondation in vitro

En Suisse, il faut compter environ 10'000 francs pour un cycle de fécondation in vitro, qui n'est pas remboursé contrairement à d'autres pays comme la France.

Dans une clinique à l'étranger comme celle que propose le site d'Adva Grundman, il faut compter environ 2200 francs pour un cycle de FIV classique et 5400 francs pour un cycle de FIV avec don d'ovocytes.

"Il y aura toujours une partie de la population qui pourra s'offrir [la FIV] parce qu'on reste dans quelque chose de commercial en Suisse", note Adva Grundman, "et il y aura toujours des gens qui ne pourront pas s'offrir le luxe de pouvoir faire une FIV ici.