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L’adoption internationale est en chute libre en Suisse

Suisse: le nombre d'adoptions a fortement diminué
Suisse: le nombre d'adoptions a fortement diminué / 19h30 / 3 min. / le 30 avril 2016
Il y a plus de vingt ans, près d’un millier d’enfants nés à l’étranger étaient adoptés en Suisse. C’est trois fois moins aujourd’hui. Les couples désireux de devenir parents se tournent donc de plus en plus vers la procréation médicalement assistée.

Il est loin le temps où des vols entiers d’enfants coréens ou indiens arrivaient en Suisse pour trouver une famille adoptive. C’était dans les années 1970-80. Aujourd’hui, l’adoption est en chute libre. En 1993, 923 enfants nés à l’étranger étaient adoptés en Suisse. En 2014, c’était trois fois moins (243).

Les raisons de cette baisse sont multiples: le contrôle des naissances s’est notamment amélioré dans les pays d’origine des enfants, tout comme le niveau de vie, ce qui entraîne moins d’abandons. De plus, leurs autorités privilégient l’adoption nationale – si possible dans la famille élargie – comme le prévoit depuis plus de vingt ans la Convention de La Haye. "Depuis plusieurs années, l’adoption nationale a pris le pas sur l’adoption internationale, qui est devenue le dernier recours", observe Marion Tièche, psychologue à l’Espace A, association qui accompagne et soutient les couples concernés par l’adoption.

Quatre ans d'attente en moyenne

Le profil des enfants à adopter a par conséquent lui aussi changé: ils sont plus âgés, ont parfois des problèmes de santé ou se présentent en fratrie. Et les démarches des couples qui se lancent dans l’adoption sont de plus en plus longues et difficiles. L’attente est en moyenne d’environ quatre ans.

Face aux difficultés, les couples se tournent alors de plus en plus vers la procréation médicalement assistée (PMA). En 2002, près de 3500 femmes étaient traitées en Suisse. Ce chiffre a grimpé à 6269 en 2014, soit près du double. "Cette hausse est liée au fait que les techniques de PMA se sont améliorées, que les couples ont des enfants de plus en plus tard et que le recours à la PMA est désormais moins tabou, explique le Dr Nicolas Vuillemoz, responsable de l’Unité de médecine de la reproduction au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Et bien sûr au désir des couples d’avoir des enfants avec leur patrimoine génétique." Le taux de grossesse est en moyenne de 30%, selon l’âge de la femme.

Martine Clerc/gax

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Témoignage d'un couple neuchâtelois

Raquell et Youssef Kamri ne peuvent pas avoir d'enfant. Ce couple du Locle (NE) l’a découvert il y a une dizaine d’années. Depuis, il se démène pour fonder malgré tout une famille. En 2003, les Kamri se tournent vers la procréation médicalement assistée. Plusieurs années de tentatives infructueuses: "C’était très lourd, moralement, se souvient Youssef Kamri. Après chaque échec, il fallait repartir à zéro."

Le couple fait le deuil d’un enfant biologique et décide, il y a quatre ans, d’entreprendre des démarches pour adopter. "Dans l’idéal, on imagine un enfant qui nous ressemble à tous les deux, explique Raquell Kamri. Mais quand on y réfléchit, ce qu’on veut, c’est un enfant. Qu’on l’ait fait nous-mêmes ou que ce soit un enfant de cœur, ce sera le nôtre."

Les Neuchâtelois ont choisi d’adopter un enfant de République dominicaine. Ils espèrent l’accueillir d’ici la fin de l’année.