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Les privilèges des diplomates "fantômes" en poste à Genève

Martial Trezzini [Keystone]
Des diplomates "fantômes" profitent de postes symboliques à Genève - [Keystone]
L'ambassadeur de Grenade à l'ONU, un multimillionnaire français, n'a jamais mis les pieds au Palais des Nations, révèle une enquête du Matin dimanche sur les "diplomates fantômes" placés en Suisse.

Plusieurs petits Etats insulaires des Caraïbes vendent au plus offrant des passeports diplomatiques, qui garantissent en Suisse l'immunité judiciaire et des exonérations fiscales.

Le Matin Dimanche raconte l'histoire de l'ambassadeur de Grenade, un multimillionnaire français qui avoue ne pas avoir eu le temps de visiter le Palais des Nations depuis sa nomination en 2008.

Peu de marge de manoeuvre pour la Suisse

L'homme d'affaires prétend avoir renoncé à ses privilèges, mais le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a expliqué à l'hebdomadaire dominical que "les agents diplomatiques n'ont pas la possibilité de renoncer eux-même à leurs privilèges et immunité. Seul l'Etat hôte peut en faire la demande (à l'Etat qui l'a mandaté, ndlr)".

La pratique diplomatique suisse fait "qu'elle ne peut refuser la nomination d'un ambassadeur que pour des motifs de sécurité intérieure", a expliqué au Matin Dimanche l'ancien chef de la mission suisse François Nordman. "Elle est démunie dans les autres cas", souligne-t-il.

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500'000 dollars payés à Saint-Moritz

Le Matin Dimanche rappelle que la justice américaine dispose d'une vidéo montrant l'ancien Premier ministre de Grenade accepter un pot-de-vin de 500'000 dollars dans un hôtel de Saint-Moritz (GR) contre l'attribution d'un titre d'ambassadeur à un homme d'affaires allemand.

La convention de Vienne stipule par ailleurs qu'un diplomate doit renoncer à toute activité commerciale. La nomination d'un homme d'affaires, comme l'a fait Grenade, représente donc une violation du traité réglant les rapports diplomatiques entre pays.

Le précédent Karimova

Les avantages de ces postes diplomatiques "symboliques" ont pu avoir un impact sur le fonctionnement de la justice.

Le Matin Dimanche rappelle que le ministère public genevois s'était heurté à l'immunité de la fille du dictateur ouzbek Islam Karimov, officiellement ambassadrice auprès du conseil des Droits de l'homme à Genève.