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En cas d'intersexualité, les enfants doivent pouvoir choisir leur sexe

embryon [Lennart Nilsson]
A la naissance, certaines personnes ne peuvent pas être clairement déterminée sexuellement sur le plan biologique. - [Lennart Nilsson]
Certains enfants naissent sans identité sexuelle clairement définie. La Commission nationale d'éthique demande à ce qu'ils puissent eux-même définir leur sexe, et non leur entourage.

Les enfants dont le sexe ne peut être clairement attribué à la naissance doivent pouvoir se prononcer eux-mêmes sur leur identité masculine ou féminine. Aucune opération d'assignation sexuelle ne doit être entreprise jusque-là, estime la Commission nationale d'éthique pour la médecine humaine (CNE).

Simplifier les procédures

Dans une prise de position présentée vendredi devant la presse, la CNE recommande également que, pour éviter tout risque de discrimination, l'indication du sexe dans l'acte de naissance doit pouvoir être modifiée sans complication bureaucratique. En Suisse, le sexe de l'enfant doit être précisé dans l'acte de naissance, une inscription très difficile à modifier par la suite.

La commission d'éthique rejette pour l'instant l'introduction d'une troisième catégorie, outre le sexe féminin et le sexe masculin. La CNE répondait à une demande du Conseil fédéral sur ces questions.

ats/rber

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Qu'est-ce que l'intersexualité?

L'"intersexualité" définit une situation dans laquelle le sexe d'une personne ne peut pas être déterminé de façon univoque sur le plan biologique. Cela veut dire que le développement sexuel chromosomique, gonadique et anatomique suit une trajectoire atypique et que les marqueurs de la différenciation sexuelle ne sont pas tous clairement masculins ou féminins.

Le génotype (composition génétique) ne correspond ainsi pas au phénotype (apparence physique). Le phénotype lui-même ne peut pas toujours être clairement associé au sexe féminin ou masculin.

Les cas de "disorder of sex development" (DSD) figurent parmi les infirmités congénitales pour le traitement desquelles l’assurance invalidité prend les frais à sa charge jusqu'à ce que l'assuré ait 20 ans révolus.

Témoignage d'une mère d'enfant intersexué

Lucie, maman d’un enfant intersexué de 5 ans, témoigne de ce qu'elle a ressenti quand elle a été confrontée à l'impréparation des médecins face à ce type de cas.

"Quand notre enfant est né, on nous a dit que c’était un garçon, qu’il n’y avait rien de particulier et au moment où l'on a demandé à voir le pédiatre, il nous a dit: 'Effectivement, je pense que c’est une fille.' Une chose m’a beaucoup marqué, c’est quand il m’a dit: 'Vous pouvez la rhabiller', sur un examen visuel, à la pouponnière, sans autre examen approfondi. Donc on a ressenti qu’ils n’étaient juste pas bien préparés à ça."

"Pendant la grossesse, les parents ont peur de toutes sortes de choses, mais ça, c’est quelque chose à quoi les gens ne pensent même pas. Donc vous vous retrouvez dans cette situation, presque en état de choc, et c’est vraiment difficile à vivre", dit Lucie.

Retrouvez l'intégralité de ce témoignage ainsi que des interventions de personnes intersexuées le 14 novembre dans l’émission "36.9°" intitulée "Un corps, deux sexes", à 20h15 sur RTS Un.

Un enfant sur 2000 concerné

On estime qu'un enfant sur deux mille naîtrait dans le monde sans vraiment le corps d'un homme ni celui d'une femme.

En Suisse, une quarantaine d'enfants dont le sexe est difficile à établir avec certitude naîtraient chaque année en Suisse.

De 2006 à 2010, l'AI a remboursé des mesures médicales pour intersexualité pour 30 enfants en moyenne par année, avait indiqué le Conseil fédéral en réponse à une interpellation parlementaire en juin 2011.