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Diagnostic préimplantatoire: porte ouverte

La division cellulaire d'un embryon observée lors d'un programme de procréation médicale assistée
La division cellulaire d'un embryon observée lors d'un programme de procréation médicale assistée
Les couples risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant devraient pouvoir recourir au diagnostic préimplantatoire (DPI) en Suisse. Le Conseil fédéral est prêt à lever l'interdiction de cette technique. Le peuple aura le dernier mot, une modification de la constitution étant nécessaire.

Après un premier projet controversé en raison d'une réglementation trop stricte,
le gouvernement a décidé mercredi de se montrer un peu plus libéral. Il propose de faciliter le diagnostic préimplantatoire, une technique permettant d'analyser un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l'utérus pour y dépister d'éventuelles anomalies.

Ainsi, huit embryons devraient pouvoir être développés par cycle de traitement en cas de procréation médicalement assistée avec diagnostic préimplantatoire. Normalement, la règle de trois embryons maximum s'applique pour la fécondation in vitro (FIV). Mais une exception est prévue pour les couples risquant de transmettre une maladie héréditaire grave. Les probabilités sont trop faibles de trouver un embryon sain avec la limite de trois, selon le gouvernement.

Division cellulaire d'un embryon humain, dans le cadre d'un programme de procréation médicale assistée

Avec un plafond fixé à huit, la Suisse demeure relativement restrictive. A l'étranger, aucun seuil n'est fixé dans ce genre de cas. Une femme peut produire jusqu'à quinze ovules par cycle.

Embryons conservés

Autre innovation par rapport au régime actuel, le gouvernement veut supprimer l'interdiction de conserver des embryons. A l'avenir, les femmes qui recourent à la FIV devraient pouvoir se faire implanter un seul embryon et congeler les autres en vue de nouvelles tentatives de grossesse.

Aujourd'hui, les embryons surnuméraires sont détruits ou utilisés pour la recherche sur les cellules souche. Cette proposition nécessite une modification de la Constitution: les dispositions sur la procréation artificielle empêchent expressément la conservation d'embryons.

Pas de bébés médicaments

En revanche, le Conseil fédéral a maintenu la réglementation stricte de l'indication pour le diagnostic préimplantatoire (DPI). Cette technique ne pourra être effectuée que si "le danger concret que l'enfant soit porteur d'une prédisposition génétique à une maladie grave, dont la présence est avérée chez les parents, ne peut être écarté d'une autre manière". Quelque 50 à 100 couples seraient concernés par année.

Toutes les autres applications possibles demeurent interdites. Pas question de l'utiliser dans le cadre d'un dépistage, soit des examens généraux de prévention destinés à éviter des anomalies génétiques pouvant survenir spontanément, comme la trisomie 21.

Le Conseil fédéral veut aussi exclure le DPI pour sélectionner des "bébés-médicaments", à savoir un embryon à même de faire par la suite un don de tissus ou de cellules à un frère ou une soeur malade.

ats/cab

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Un sujet émotionnel très discuté

En raison de la modification de la Constitution, le projet est une nouvelle fois mis en consultation, jusqu'à fin septembre.

Le sujet est hautement émotionnel et divise les esprits même au-delà des barrières partisanes.

Le Conseil fédéral s'est décidé à agir sur la base d'une motion transmise en 2005 par le Parlement.

En 1997, il avait renoncé à autoriser le DPI dans la loi sur la procréation médicalement assistée.

Les Chambres fédérales ont débattu du sujet à diverses reprises avant d'opter en faveur d'un changement de loi.