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Coup de bistouri dans les salaires hospitaliers

Avec une hausse de 5,8%, les coûts des hôpitaux ont beaucoup crû.
Les femmes seraient particulièrement touchées par les baisses.
Les syndicats suisses s'opposent à l'application du nouveau système "SwissDRG" qui, selon eux, entraînerait une baisse des salaires dans les professions de la santé. La qualité des soins en souffrirait et les femmes seraient les premières touchées.

Le Syndicat des services publics (SSP/VPOD) et l'Union syndicale
suisse (USS) sont prêts à aller jusqu'à la grève pour s'opposer à
l'entrée en vigueur du nouveau système tarifaire des hôpitaux
suisses "SwissDRG".

L'association faîtière des assureurs maladie "santésuisse"
entend en effet appliquer à tout le pays les mêmes tarifs sans
tenir compte des coûts de la vie différents d'un canton à l'autre.
Ce qui conduirait à une baisse des salaires et une réduction du
personnel qualifié, par exemple à Zurich et dans la région
lémanique.

Impact sur les salaires

Les syndicats ne veulent pas d'un système forfaitaire à
l'échelon national qui ne tienne pas compte des fortes différences
de salaire entre les régions. Alors que deux heures de route
séparent Zurich du Tessin, les salaires zurichois sont d'environ
26% plus élevés que les tessinois, a relevé Daniel Lampart,
économiste en chef à l'USS.



Or, cette différence reflète également l'écart des coûts de la
vie: un appartement coûte 27% plus cher à Zurich qu'au Tessin,
selon les chiffres de 2003. L'impact de "SwissDRG" sur les salaires
serait prononcé car ils représentent plus de deux tiers des coûts
hospitaliers.

Un "coup de poignard"

La position du Surveillant des prix, qui ne voit aucun lien
entre les salaires versés et le paiement des prestations à un
hôpital, a été perçue "comme un coup de poignard dans le dos du
personnel hospitalier", a rappelé Karin Thomas, présidente de la
"Commission fédérative de la santé SSP" et experte en soins
infirmiers.



Si les caisses maladie réussissent à imposer leur système, les
hôpitaux seront obligés de réduire leurs effectifs et de remplacer
une partie de leurs employés par du personnel moins qualifié,
a-t-elle déploré. Ce sont finalement les patients qui subiraient
les conséquences de ces changements.



agences/sbo

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Femmes en première ligne

Ce sont surtout les femmes qui seraient touchées par ces baisses, alors qu'elles ont lutté durant des décennies pour obtenir des salaires équitables, a déploré la conseillère nationale et présidente du SSP Christine Goll (PS/ZH).

"Et maintenant, plus de 100'000 femmes travaillant dans le secteur de la santé devraient être lésées et perdre les fruits d'une lutte acharnée qui a duré de nombreuses années".

Risque de contamination

L'USS demande donc le respect des salaires usuels au niveau local et dans les branches, un principe appliqué depuis des années par la Confédération et les cantons.

Daniel Lampart constate des similitudes entre le projet des assureurs et celui du Conseil fédéral concernant la révision de la loi sur les marchés publics.

"En effet, ce projet de révision prévoit également l'abandon du principe du respect des salaires en usage au niveau local et dans les branches", a-t-il déploré.

Il y voit une "porte grande ouverte à une sous-enchère salariale qui toucherait tous les salariés du pays".