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Excision: une condamnation à Fribourg

L'UNICEF a déjà lancé plusieurs campagnes de prévention.
L'UNICEF agit partout dans le monde contre l'excision.
La justice fribourgeoise a condamné une réfugiée somalienne à six mois de prison avec sursis pour avoir exposé sa demi-soeur de 13 ans à l'excision en Somalie. Une autre affaire sera jugée à Zurich le 26 juin.

La femme de 50 ans a été reconnue coupable de violation du
devoir d'assistance et d'éducation, a annoncé mercredi la juge
d'instruction en charge du dossier. Ce jugement est une première en
Suisse.

Installée en Suisse tant que réfugiée, elle avait fait venir
l'enfant à l'âge de sept ans à Fribourg en 1995 au titre du
regroupement familial en la faisant passer pour sa fille.

Renvoyée en Somalie

Six ans plus tard, n'arrivant plus à gérer son éducation selon
ses codes culturels stricts, elle avait confié l'adolescente à un
tiers qui l'a conduite chez sa mère nomade en Somalie. Elle a dû y
vivre dans de dures conditions et y a subi une excision.



La jeune fille a finalement pu s'enfuir au Kenya en 2004 et
contacter une ancienne institutrice, qui a alerté "Sentinelles".
Elle a pu rentrer en Suisse en 2006 avec l'accord de sa demi-soeur
et a été mise au bénéfice de l'asile.

Première en Suisse

La femme qui avait accueilli la fillette excisée en Suisse a été
condamnée par ordonnance pénale pour avoir manqué à son devoir
d'assistance et d'éducation. Elle a eu le tort de renvoyer
l'adolescente en Somalie malgré les dangers de la guerre civile et
les conditions sociales extrêmement difficiles.



Elle a aussi refusé de la faire revenir en Suisse jusqu'en 2005,
précise la juge d'instruction Yvonne Gendre. La justice
fribourgeoise précise que l'ordonnance prononcée le 28 mai dernier
n'est pas entrée en force. Elle ajoute que l'intéressée ne peut pas
être poursuivie pour lésions corporelles graves. Il faudrait pour
cela que l'excision soit aussi réprimée en Somalie.



C'est la première fois qu'une condamnation est prononcée en Suisse
dans une affaire liée à l'excision, a précisé à l'AP un responsable
de l'UNICEF. Des procédures sont pendantes à Zurich (voir
ci-contre)
et Genève. L'UNICEF estime que près de 7000
femmes ayant subi une mutilation génitale vivent en Suisse.



ap/cab

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Autre affaire en jugement à Zurich

Pour la première fois en Suisse, un tribunal se penchera le 26 juin sur l'excision d'une fillette pratiquée sur sol helvétique.

Le Ministère public zurichois a inculpé ses parents pour lésion corporelle grave.

Le procès se tiendra à huis clos sur demande des avocats de la victime âgée aujourd'hui de 13 ans.

L'acte d'accusation a été déposé le 9 janvier dernier, a indiqué mercredi à l'ATS le procureur responsable Michael Scherrer.

Les faits remontent à plus de dix ans. Les parents, des Somaliens de 45 ans, ont reconnu avoir fait exciser leur fille à l'âge de deux ans en 1996 à leur domicile dans l'Oberland zurichois.

L'autorité de tutelle a été alertée en septembre dernier par un médecin et a déposé plainte. Un rapport médical atteste que la fillette a des marques de blessures dues à une excision.

Les parents ont été placés en détention durant l'enquête puis relâchés. Les enquêteurs ont tenté de déterminer s'ils avaient reçu l'aide de complices. Le procureur suppose qu'une personne est venue de Somalie pour procéder à l'opération. Il n'a toutefois pas été possible de l'identifier.

Selon le procureur, la fillette vit à nouveau avec ses parents. Elle bénéficie d'un soutien juridique. Les coupables risquent jusqu'à dix ans de prison.