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Comment l'Islande transforme le CO2 en minéral

Climat 2015: l'Islande tente de transformer le gaz à effet de serre en minéral
Climat 2015: l'Islande tente de transformer le gaz à effet de serre en minéral / 19h30 / 3 min. / le 24 novembre 2015
Pour diminuer les émissions de CO2 de l'une des plus grandes centrales géothermiques au monde, l'Islande teste un procédé original: transformer ce gaz à effet de serre en minéral à 1000 mètres sous terre.

Grâce au projet expérimental CarbFix, qui a débuté l'an dernier dans la centrale de Hellisheiði, sur les flancs du volcan Hengill près de Reykjavik, l'Islande entend réduire ses émissions de CO2 et ainsi participer à la lutte contre le changement climatique.

Cette île volcanique est l'eldorado de la géothermie. Plus de 80% de l'énergie islandaise est issue de ce procédé, qui consiste à exploiter la chaleur du sol pour la transformer en chauffage et en courant électrique dans des centrales. Celles-ci rejettent du gaz carbonique dans l'air. L'usine de Hellisheiði déverse près de 50'000 tonnes de CO2 par an. Car oui, les centrales géothermiques émettent elles-aussi des gaz à effet de serre, mais largement moins que des centrales à charbon.

Un CO2 capté et enfoui

Afin de réduire au maximum ces rejets, Reykjavik Energy, l'exploitant de la centrale, se lance dans cette expérience unique, aidé par une équipe internationale de chercheurs.

Grâce à cette méthode, une partie du CO2 rejeté par la centrale est capté et filtré. Un procédé de haute pression permet ensuite de dissoudre le gaz dans de l'eau, à l'image des bulles dans le champagne. Puis, le liquide, injecté dans un puits de forage, s'infiltre dans les fissures du sol, à environ 1000 mètres de profondeur. En contact avec le basalte (riche en fer, magnésium et calcium) présent dans le sous-sol, le produit se transforme en calcite, un minéral blanc, en seulement un an.

Les géochimistes du Carbfix project surveillent de près cette transformation. Actuellement, Reykjavik Energy injecte 10% des rejets de CO2 de la centrale, soit 5000 tonnes par an. L’exploitant veut doubler ces infiltrations l'an prochain.

Des risques à surveiller

Si la solution de stockage est séduisante, parce qu'elle permet un emprisonnement sous forme solide et limite ainsi les fuites de gaz inopinées, le procédé reste expérimental. Des doutes subsistent sur la capacité de stockage à grande échelle, son attractivité économique, mais aussi concernant l'impact de cette minéralisation dans le sous-sol, notamment sur l'écoulement des eaux, ou lors de séismes.

>> Le reportage à découvrir dans le Journal de 19h30 mardi sur RTS Un

Natalie Bougeard/mo

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