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La dernière minute de juin samedi soir aura... 61 secondes!

Le 31 décembre 2005, le Big Ben à Londres avait dû être arrêté pendant une seconde à minuit pour une adaptation similaire. [EPA - Lindsay Parnaby]
Le 31 décembre 2005, le Big Ben à Londres avait dû être arrêté pendant une seconde à minuit pour une adaptation similaire. - [EPA - Lindsay Parnaby]
La dernière minute du mois de juin 2012 comptera 61 secondes. Une façon de permettre au temps universel défini par les horloges atomiques de compenser son avance sur celui rythmé par la rotation de la Terre, bien plus irrégulière.

En "temps universel coordonné" (UTC), aussi appelé à tort GMT, le passage entre le 30 juin et le 1er juillet prochains se fera donc, non pas comme d'habitude à 23h59 et 59 secondes, mais bien à "23h59 et 60 secondes". Une adaptation qu'exige la rotation irrégulière de la Terre.

Avant 1972, le "temps était donné par l'astronomie. C'est-à-dire que pour connaître l'heure, on regardait la position d'un astre, le Soleil ou d'autres objets célestes" par rapport à la Terre, résume Noël Dimarcq, directeur du laboratoire Syrte (Systèmes de référence temps espace) à l'Observatoire de Paris. "Aujourd'hui, le temps est construit, défini et mesuré à l'aide d'horloges atomiques qui sont infiniment stables par rapport au temps astronomique.

Horloges atomiques trop précises

Le parc mondial de plusieurs centaines d'horloges utilisé pour définir le Temps atomique international (TAI) mesure en effet des modifications internes intervenant dans les atomes de césium, qui permettent de "découper une seconde en à peu près 10 milliards de petites graduations". Une précision telle qu'elles n'enregistreraient qu'une seconde de dérive tous les 300 millions d'années.

Si le TAI est "une échelle de temps continue", le temps donné par l'"horloge Terre" est quant à lui beaucoup moins uniforme. La rotation de notre planète est en effet soumise à de nombreux aléas, notamment les marées liées aux effets de la Lune, les variations des vents, etc. Ainsi, un tour de la Terre sur elle-même en août est plus court d'une à deux millisecondes qu'un tour accompli en février.

Et pour éviter que l'écart entre les deux ne devienne trop important, la communauté internationale, en particulier le Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence (IERS) dont le centre est à Syrte, décide d'ajouter une seconde à l'UTC. A chaque fois que cet écart s'approche de 0,9 seconde, l'IERS entre en action et annonce cette fameuse "seconde intercalaire", plusieurs mois à l'avance et uniquement le 31 décembre ou le 30 juin.

Pas d'effets importants

Mais un tel événement est par définition aussi irrégulier que la rotation de la Terre. Le dernier en date remonte au 31 décembre 2008 et le 30 juin prochain sera seulement la 25e seconde ajoutée au temps universel depuis l'instauration de ce système.

Pour le commun des mortels, l'opération n'aura pas de répercussion retentissante. En revanche, les systèmes de haute précision, comme les satellites ou certains réseaux informatiques, devront tenir compte de ce "saut de seconde" sous peine de provoquer un décalage potentiellement catastrophique. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle aucun tir de fusée n'est jamais programmé ces jours-là, un décalage aussi infime soit-il risquant de brouiller les calculs.

agences/pbug

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Vers une prochaine abolition?

Les secondes intercalaires ne font pas l'unanimité, puisqu'elles peuvent générer des problèmes de synchronisation dans certains systèmes. En 2015, l'organe compétent de l'Union internationale des communications pourrait décider de leur suppression. Le temps nous dira si la 35e seconde intercalaire sera la dernière du genre ou non.

Jugeant que cette seconde intercalaire est source de perturbations et d'erreurs, certains pays et industriels demandent son abolition pour s'en tenir strictement au temps atomique. C'est déjà le cas du système de géolocalisation par satellites américain GPS qui, contrairement à son homologue russe Glonass, n'utilise plus les secondes intercalaires depuis 1980.

Mais le GPS ajoute les secondes manquantes par rapport à l'UTC dans le signal qu'il envoie au sol, note Noël Dimarcq, pour qui "il y a vraiment deux façons de faire la correction, avant ou après".