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En ballon autour du pôle Nord

Jean-Louis Etienne avait décollé lundi dernier des îles Spitzberg.
Jean-Louis Etienne et sa rozière ont décollé.
L'aventurier des pôles Jean-Louis Etienne a décollé lundi matin de Longyearbyen, dans l'archipel norvégien du Spitzberg (Svalbard), pour la première traversée en solitaire du pôle Nord en ballon.

Le médecin-explorateur français, âgé de 63 ans, a pris son envol
à 06h10 (04h10 GMT) à bord d'une rozière, un ballon mixte à gaz
hélium et air chaud. Zinedine Zidane, parrain de l'expédition a
assisté au décollage qui a été précipitamment avancé de quelques
heures en raison d'une fenêtre météo favorable.

"Ca s'est passé brusquement. On m'a appelé en me disant viens,
viens, on décolle! Mais je suis assez détendu. Le plaisir
commencera quand j'aurai pris quelques mètres", a confié
l'explorateur peu avant d'embarquer dans sa minuscule nacelle
hexagonale bourrée d'instruments de mesure et de la plus haute
technologie.

Un défi risqué

La traversé de 3500 km doit le conduire en Alaska en sept à dix
jours en survolant le pôle Nord. Pendant son périple, il doit se
livrer à "des mesures scientifiques de CO2, du champ magnétique,
des particules en suspension et de l'ozone troposphérique", précise
l'organisateur.



Son ballon est semblable à celui du Suisse Bertrand Piccard et de
l'Anglais Brian Jones, auteurs en 1999 du premier tour du monde sur
cet aérostat, et de l'Américain Steve Fossett qui réédita l'exploit
en solitaire en 2002. Il aura fallu plus de cinq heures pour
installer, amarrer puis gonfler les 2000 m3 de l'enveloppe du
ballon, une grande bulle oblongue de toile de 28 m de haut et de 16
m de diamètre.



Le défi est osé, voire risqué. La rozière (du nom de Pilâtre de
Rozier), comme les montgolfières, n'est pas un dirigeable. C'est le
vent qui décide de la pousser où bon lui semble. Alors, entre zéro
et 5000 mètres d'altitude, il convient sans cesse de monter ou
descendre pour attraper les bonnes veines de vent allant dans le
sens souhaité.

Chauffage au propane

Tout au long de son vol, Jean-Louis Etienne sera assisté au sol
d'une équipe technique et scientifique où figure son routeur, Luc
Trullemans, qui a déjà permis à Piccard et Jones de mener à bien
leur tour du monde. Il suivra en permanence sa trajectoire,
analysant la direction des vents aux différentes altitudes et lui
transmettant les données pour qu'il aille chercher les souffles
d'Eole qui le pousseront vers l'Alaska.



La température extérieure variera autour de moins 30°C. A
l'intérieur de la nacelle non pressurisée, il fera 15°C grâce à un
chauffage au propane. Mais la réserve de ce gaz, qui ne gèle qu'à
moins 44°C, n'excédera pas 15 jours.



afp/dk

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"Une énorme émotion au départ"

Peu après le décollage, alors que le ballon s'élevait dans la nuit polaire où le soleil ne se couche pas, Jean-Louis Etienne, joint par radio, décrivait cet instant magique.

"Je n'ai pas eu une petite, mais une énorme émotion au départ. C'était quelque chose d'extraordinaire. C'est un moment d'une grande intensité. Et ça devient petit à petit une beauté magnifique. C'est le grand calme maintenant. Je monte progressivement au-dessus de Longyearbyen. C'est absolument magique."

Un défi de plus pour l'aventurier

Aventurier des Pôles, Jean-Louis Etienne complétera avec ce nouvel exploit ses traversées de l'Arctique à pied et en bateau. En 1986, le médecin tarnais de Vielmur-sur-Agout (sud-ouest), spécialisé dans la médecine du sport, ancien ajusteur sur métaux, était entré à 40 ans dans l'Histoire comme le premier homme à atteindre le pôle Nord géographique en solitaire, harnaché à son traîneau, dans le chaos de glace et de neige de la banquise arctique. Il avait mis 63 jours.