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La question jurassienne préoccupe peu outre-Sarine

Elisabeth Baume-Schneider, présidente du gouvernement jurassien, et Bernhard Pulver, son homologue bernois, ont signé l'accord sous l'égide de Simonetta Sommaruga. [Peter Klaunzer]
Elisabeth Baume-Schneider, présidente du gouvernement jurassien, et Bernhard Pulver, son homologue bernois, ont signé un accord pour un nouveau scrutin sous l'égide de Simonetta Sommaruga. - [Peter Klaunzer]
L'annonce d'un nouveau vote sur la question jurassienne ne suscite que guère d'intérêt, surtout outre-Sarine, beaucoup se demandant même à quoi va servir ce scrutin. La question du coût des Gripen revient aussi sur le tapis, alors que les nombreux risques de conflit à travers le monde inquiètent également.

Qui s'intéresse encore à la question jurassienne?

Si la presse romande se penche sur le dossier jurassien avec l'annonce d'un nouveau projet de scrutin, les journaux alémaniques semblent se désintéresser de la question. Il faut se pincer pour y croire, s'exprime Dick Marty dans Le Temps. Le Tessinois salue les gouvernements jurassiens et bernois, qui ont fait preuve d'une grande maturité pour résoudre un problème riche en émotions. Ce qui n'empêche pas L'Express et L'Impartial d'annoncer un morcellement inéluctable du Jura bernois. Déjà en quête d'identité et de vitalité, le Jura bernois aura de la peine à survivre à la perte de Moutier. Petit à petit, la région va se désagréger au profit des centres urbains voisins. Bienne et Moutier bien sûr, mais aussi Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Quant au Journal du Jura, il a le sentiment que, quarante ans après le premier plébiscite, une certaine indifférence a pris le dessus sur la passion d'antan. Et de se demander si la démarche a encore un sens. Outre-Sarine, le Blick, le Tages-Anzeiger ou la Basler Zeitung ne consacrent qu'une brève à ce sujet. Cette indifférence est aussi soulignée par le Bund, qui évoque une décision pragmatique, mais aussi un "compromis très helvétique". Le Berner Zeitung va plus loin en se demandant qui s'intéresse encore à la question jurassienne. Pour le quotidien, le dossier est aujourd'hui bouclé et le Jura bernois n'a aucun intérêt à quitter le canton de Berne, tout simplement parce qu'il bénéficie depuis des années des faveurs politiques et des largesses que lui octroie le canton de Berne. Le journaliste estime aussi qu'un pays qui peut se permettre de faire traîner un tel conflit est plutôt heureux, mais que celui qui ne voit pas que tout ce processus n'est rien d'autre qu'un programme d'occupation pour fonctionnaires est très naïf. Et la conclusion de tout ce questionnement: il faut refuser tout rapprochement, et ainsi tuer la raison d'être des organisations Entre les lignes, on identifie l'Assemblée interjurassienne, qui prolongent ce processus uniquement parce que cela lui permet d'exister...

Des Gripen au goût amer pour la recherche

Les dégâts collatéraux du Gripen se précisent. Et en premier lieu dans le domaine de la recherche et la formation. Selon le Blick, le plan d'économies qui se profile au Parlement, à hauteur de 750 millions de francs, contraindrait les écoles polytechniques fédérales à réaliser 90 millions d'économies. Un chiffre issu du département de l'Intérieur et confirmé par le président de l'EPFL Patrick Aebischer: "La situation serait dramatique, face à un telle cure d'amaigrissement budgétaire, nous n'aurions pas d'autre choix que de couper dans les places de travail." Si Patrick Aebischer se refuse de livrer une estimation, selon les calculs du Blick, ce sont 470 emplois qui pourraient passer à la trappe. D'où la question du journaliste: dans un pays où la matière grise est la principale matière première, peut-on se permettre de troquer des ingénieurs contre de nouveaux avions de combat?

La population étrangère augmente

Le Blick s'inquiète de la dernière statistique de la population étrangère en Suisse. Le quotidien titre avec ce chiffre, en gros caractères: 51'886. A savoir l'augmentation du nombre de citoyens étrangers depuis l'an dernier. Au total, ils sont 1'800'000 à résider en Suisse, requérants d'asile non compris. Le quotidien alémanique propose également un classement des migrants par nationalités.  On y apprend qu'un peu plus de 12'000 Allemands se sont installés sur sol confédéré l'an dernier. Juste derrière arrivent les Portugais, les Kosovars et les Français. Dans le sens inverse, ce sont avant tout des Serbes, des Bosniaques et des Croates qui ont quitté la Suisse. Le Blick tire un lien direct entre cette statistiques et les problèmes causés par les délinquants étrangers. Avec cette conclusion: la criminalité de ces jeunes nuit à tous les étrangers établis en Suisse.

Les risques de conflit sont nombreux en 2012

La paix est sérieusement en danger aujourd'hui, selon la Tribune de Genève et 24 Heures, qui évoquent le dossier iranien, l'émergence d'une vraie guerre civile en Syrie, les suites du printemps arabes ou encore les gangs armés. Les risques de conflit en 2012 sont nombreux à en croire cette énumération. A commencer par la poudrière iranienne qui s'approche lentement du conflit inévitable. Avec ensuite la Libye, où le renversement de Kadhafi a contribué à armer des tribus et des clans dans un pays sans Etat. La perspective du départ d'Afghanistan des troupes de la coalition et l'émergence des gangs latinos, notamment au Venezuela, inquiètent aussi. Sans oublier le chaudron africain, qui concentre les situations les plus explosives: la Somalie, le Soudan et le Sénégal, un pays qui pourrait verser dans un scénario similaire à celui de la Côte d'Ivoire.

Gare à la poudrière du Moyen-Orient

La Tribune de Genève juge que le pire a rarement été aussi proche au Moyen-Orient. L'Iran renforce ses défenses anti-aériennes et s'attend à des frappes israéliennes contre ses sites nucléaires. Cette menace est brandie par Israël depuis longtemps, mais, aujourd'hui, l'Etat hébreu dispose d'une fenêtre de tir. Si les bombardements sont déclenchés avant la présidentielle américaine de novembre, Barack Obama sera obligé d'appuyer Israël pour ne pas perdre ses électeurs juifs et évangélistes, avec le risque d'être entraîné malgré lui dans une nouvelle guerre dans la région.

boi avec Christian Favre et Jean-François Moulin / rsr

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