Publié

Collombey craint une vaste friche industrielle si la raffinerie ferme

Italie: une raffinerie ferme et crée une situation sociale et écologique désatreuse
Le cas d'une raffinerie italienne qui a fermé, rendant la situation désastreuse / 19h30 / 3 min. / le 27 janvier 2015
Au-delà de l'impact social et économique, la possible fermeture de la raffinerie de Collombey (VS) pose la question d’un éventuel assainissement du site. Un précédent existe à Crémone, en Italie.

Ces prochains mois, la raffinerie de Collombey (VS) sera progressivement mise à l’arrêt. Après le choc de l’annonce, une nouvelle menace commence à occuper les esprits: le spectre d’une vaste friche industrielle.

Tamoil Italie condamnée

Une équipe de la RTS s'est rendue en Italie où Tamoil avait fermé une autre raffinerie en 2011. Quatre ans après la fermeture des cheminées de la raffinerie de Crémone, la firme est accusée de fuites répétées d'hydrocarbures sur ce site.

Il y a six mois, quatre de ses dirigeants ont été condamnés en première instance pour désastre environnemental par négligence. Le directeur a écopé de 20 mois de prison avec sursis, assortis d’une interdiction de toute activité directoriale pendant huit ans en Italie. Cet homme est aujourd'hui à la tête de la raffinerie de Collombey.

Le cas a été porté devant la justice italienne. "Le raffinage est terminé et il ne reste plus qu'un simple dépôt. Mais grâce à cette activité résiduelle, Tamoil n’est pas obligée légalement d’assainir toute la zone", dénonce un des plaignants.

Maintenance critiquée

Un ancien employé ayant travaillé sur le site valaisan a accepté de témoigner sous réserve d'anonymat. Il dénonce des manquements graves dans la maintenance de l'usine.

"Ce que j’ai vécu, ce sont souvent des fuites de vannes qui n’étaient plus étanches et qui devaient être changées mais qui ne l’ont pas été parce qu’il aurait alors fallu stopper toute la raffinerie", explique-t-il.

"Une fois, il y a eu 70'000 litres d’essence qui sont partis dans les canalisations de la raffinerie. Une partie a pu être récupérée et bien entendu le reste s’est probablement infiltré dans les sols du fait que tout n’est pas étanche", poursuit-il.

Crainte des autorités

Contactée par la RTS, Tamoil Suisse affirme que "d’importants projets de modernisation sur le plan environnemental ont été réalisés afin d'améliorer la qualité de l’air ainsi que pour minimiser le risque de pollution du sol et des eaux."

L'entreprise se veut rassurante: "dans le cas improbable de l’arrêt définitif de la raffinerie, le groupe se conformera aux lois environnementales et règlements en vigueur et sera en contact permanent avec les autorités."

Du côté des autorités, on craint de voir se répéter le scénario de Crémone. "Concrètement, si l’entreprise décide de laisser les installations en l’état, les moyens pour imposer le démontage sont très faibles, voire inexistants", affirme le président de la commune de Collombey Yannick Buttet.

Simon Pittet/dk

Publié

Débats depuis la construction

La raffinerie Tamoil de Collombey-Muraz a fait parler d'elle avant même d'être construite au début des années 60.

Très vite, les autorités cantonales et fédérales ont relevé de possibles pollutions de l'eau et de l'air liées à sa construction, ainsi qu'à celle d'une centrale thermique à Aigle, dans le sillage de l'acceptation par les Chambres fédérales de la construction du tunnel du Grand-Saint-Bernard.

L'émission Mise au Point s'est penchée dimanche sur les archives cantonales du Valais, et a relevé que le Conseil fédéral avait donné un préavis négatif au projet de raffinerie en 1961. Malgré cela, les autorités cantonales en quête de nouveaux débouchés économiques, ont tout de même donné l'autorisation de construire.

Le point avec Alain Dubois, archiviste cantonal du Valais: