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Le Jura approuve le principe des salaires minimaux

Unia a le sourire après le oui à l'initiative "Stop aux salaires de misère" le 3 mars 2013. [RTS - Gaël Klein]
Unia a le sourire après le oui à l'initiative contre les salaires de misère. - [RTS - Gaël Klein]
La gauche a remporté une victoire éclatante dimanche dans le Jura. Les citoyens ont en effet accepté le principe des salaires minimaux, avec un total de de 54,25% de oui.

Contre l'avis du gouvernement et du Parlement, 54,25% des Jurassiens ont dit oui dimanche à l'initiative de la gauche "Un Jura aux salaires décents". Au nombre de voix, 11'198 votants ont accepté le texte et 9445 l'ont rejeté. La participation a atteint 38,14%.

Cette initiative avait pour but de créer une base légale pour instaurer des salaires minimaux pour les branches économiques et les entreprises qui ne sont pas signataires d'une convention collective de travail (CCT). Le montant ne serait pas le même pour toutes les professions mais fixé sur la base du salaire national médian du secteur.

Pour le syndicat Unia, ce résultat exprime le "ras-le-bol" de la population qui n'accepte plus, selon lui, les abus liés à la libre circulation des personnes, et notamment le dumping salarial. Unia demande maintenant que le système des CCT, ainsi que les contrôles des salaires soient renforcés.

Pas de chiffres avancés

Combattue par les milieux patronaux et les partis de droite, cette initiative de la jeunesse socialiste est conçue en termes généraux et n'impose pas un salaire minimum, même si la référence de 4000 francs a été avancée dans les arguments des initiants. Le texte entend fixer plusieurs salaires minimaux selon les secteurs. Les montants seront calculés sur une moyenne nationale. Ils devront ensuite être avalisés par le Parlement.

Pour les opposants au salaire minimum, l'Etat n'a pas à intervenir dans la politique salariale des entreprises. Ils ont expliqué lors de la campagne que les mesures adoptées par le gouvernement pour revaloriser les bas salaires étaient suffisantes. Ils ont aussi formulé des doutes sur la mise en oeuvre de cette initiative.

La gauche et les syndicats ont affirmé qu'il était indispensable au contraire d'introduire des salaires minimaux pour lutter contre le dumping salarial dans une région qui emploie 7000 frontaliers. Ils ont répété que les salaires dans le canton du Jura étaient, avec ceux du Tessin, les plus bas de Suisse.

boi avec ats

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Des résultats différents en Suisse romande

Avant le Jura, d'autres cantons romands s'étaient déjà prononcés sur un objet semblable.

En 2011, le droit à un salaire minimum a ainsi été accepté par les citoyens neuchâtelois mais refusé par ceux des cantons de Genève et de Vaud.

Sur le plan suisse, le Conseil fédéral a recommandé le rejet d'une initiative syndicale préconisant un salaire minimum de 4000 francs par mois.

Il estime qu'elle sonnerait le glas du modèle suisse de partenariat social et mettrait en difficultés des entreprises, en particulier dans les régions périphériques où les salaires sont traditionnellement moins élevés.