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Motos sur les trottoirs, Genève accusé de promouvoir une pratique illicite

Le guide indique que parquer un scooter ou une moto sur un trottoir est "toléré" s'il reste un passage d'au moins 1,5 mètre. [Photononstop/AFP - Nathan Alliard]
Motos sur les trottoirs, Genève accusé de promouvoir une pratique illégale / La Matinale / 2 min. / le 28 août 2017
Un guide de l'Etat de Genève indique que motos et scooters peuvent être parqués sur les trottoirs. L'Association transports et environnement (ATE) dénonce la promotion d'une pratique illicite.

La brochure a été publiée il y a quelques jours par le Département des transports de Luc Barthassat, à l'attention des conducteurs de deux-roues motorisés. Elle indique que parquer un scooter ou une moto sur un trottoir est "toléré" s'il reste un passage d'au moins 1,50 mètre pour les piétons.

Or cette possibilité est réservée aux vélos dans l'ordonnance fédérale concernée, s'offusque l'ATE. Le parcage sur les trottoirs des autres véhicules - donc de tous les véhicules à moteur - est interdit si aucun marquage ne l'autorise expressément.

"Eminemment problématique de la part des autorités"

"Quand une brochure officielle invite à adopter un comportement qui n'est pas autorisé dans la loi en disant qu'il est toléré, on est en train de faire la promotion d'une attitude qui est contraire à la loi et c'est éminemment problématique de la part des autorités", relève la présidente de l'ATE Genève Lisa Mazzone. "On a un vrai problème de position du Conseil d'Etat et en particulier de Monsieur Barthassat, responsable de la mobilité, puisqu'il va inciter des comportements qui sont contraires à la loi et qui posent des problèmes d'usage notamment avec des piétons qui sont sur le trottoir. Il y a clairement un risque et un problème de sécurité", estime la conseillère nationale des Verts.

Le sujet interroge aussi les spécialistes du droit. Me Fanny Roulet, membre des Avocats de la route, s'étonne de voir une autorité formaliser dans un guide une pratique qui relève d'une simple tolérance - au risque de faire croire à l'usager de la route que ce comportement est licite.

Une approche qui se veut pragmatique

Face à ces critiques, le Département des transports répond que l'Etat est compétent pour introduire des tolérances en matière de circulation routière et de stationnement. La brochure veut rappeler cette tolérance, et non généraliser la pratique. L'approche du magistrat Luc Barthassat - lui-même adepte bien connu de la moto - se veut pragmatique, dans un canton qui compte 55'000 deux-roues motorisés pour 8500 places de stationnement. La tolérance s'applique quand la largeur du trottoir le permet et si aucun autre usager, notamment piéton, n'est mis en danger, souligne le Département.

La réponse ne convainc pas l'ATE, qui demande le retrait de la brochure et l'abandon de cette politique de tolérance qui va selon elle à l'encontre de la nouvelle loi sur la mobilité adoptée par les Genevois.

Mathieu Cupelin/oang

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