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L'unique garderie d'enfants parentale de Genève sommée de se normaliser

Les Ticoquins fonctionneront toujours avec des parents, mais ne sera plus une structure autogérée. [Caroline Briner]
Les Ticoquins fonctionneront toujours avec des parents, mais la structure ne sera plus autogérée. - [Caroline Briner]
Depuis 20 ans à Bellevue (GE), des enfants bénéficient d'un espace de jeu gardé par des parents. Mais en raison d'un tour de vis des autorités, Les Ticoquins fonctionneront avec une professionnelle dès la rentrée. Panorama des garderies parentales de Suisse romande.

A Bellevue, deux parents accueillent tous les matins une dizaine d'enfants en âge préscolaire (de 18 mois à 4 ans) dans des locaux appartenant à la commune. La structure, qui a un statut associatif, remplit un rôle de socialisation pour les petits et leurs parents, dont au moins 90% sont d'origine étrangère.

Jusqu'ici Les Ticoquins n'étaient pas soumis aux normes cantonales "compte tenu de leur particularité de structure autogérée". Mais, en 2013, le Service d'autorisation et de surveillance de l'accueil de jour (SASAJ) a été mis en place, ce qui a entraîné un réexamen de la situation de la garderie.

Le SASAJ a ainsi déterminé que Les Ticoquins correspondent à une "structure d'accueil de la petite enfance". Et que par respect de "l'égalité de traitement entre les structures", la garderie devra donc désormais employer du "personnel qualifié", faute de quoi elle devra fermer. Cette décision, annoncée en novembre dernier, avait provoqué une onde d'inquiétude chez les parents.

Frontière "ténue" avec les ateliers

La frontière entre l'espace de jeu et l'atelier (peinture, langue, sport) "est ténue", admet May Piaget, directrice de l'information et de la communication de l'Office de l'enfance (OEJ). Aux Ticoquins, la fréquentation peut dépasser 2h par jour et un jour par semaine, relève-t-elle.

La structure aurait-elle pu entrer dans la catégorie "accueil familial"? Non, car ce mode de garde se fait "uniquement dans le foyer de l'accueillant", explique Marielle Kunz, cheffe de service du SASAJ.

Passage à une structure hiérarchisée

Ainsi, dès août prochain et après de longues discussions, la garde sera assurée par une éducatrice et un parent, qui devra avoir suivi une formation d'accueillant de jour s'il n'est pas titulaire d'un titre de niveau secondaire II. Les petits seront soumis à un programme éducatif. Le tout se fera en partenariat avec la crèche communale et les structures qui chapeautent celle-ci.

Le jeu libre sera toujours autorisé

Nadia Zayan, future éducatrice

"La spécificité de la structure ne devrait pas être abîmée", promet néanmoins Nadia Zayan, ex-présidente des Ticoquins. Cette ancienne maîtresse d'école, qui va endosser le rôle de l'éducatrice grâce à une formation passerelle, estime même que "le jeu libre sera toujours autorisé".

Caroline Briner

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Les garderies parentales disparaissent en Suisse romande

Au niveau fédéral, l'engagement de professionnels n'est pas requis. L'ordonnance sur le placement d'enfants stipule uniquement que les "conditions propres à favoriser le développement physique et mental des enfants doivent être assurées".

En Suisse romande, seuls les cantons de Fribourg, Vaud, Valais et Berne autorisent les garderies parentales. En général, l'âge d'entrée est de 2 ans. La fréquentation peut être fixe mais le temps de garde ne peut dépasser 4 heures par jour.



Le canton de Fribourg est le seul à mentionner explicitement dans sa juridiction les "garderies autogérées". Puisqu'il s'agit avant tout d'espaces de socialisation et que le temps d'ouverture y est limité, "les exigences en matière éducative sont moins élevées", explique Stéphane Quéru, chef du Service de l'enfance et de la jeunesse. Leur nombre a toutefois diminué, les mères étant moins disponibles.

Dans le canton de Vaud, ces garderies restent autorisées par la nouvelle loi sur l'accueil de jour (2006) "car elles ont leur utilité, comme créer des liens avec le quartier", explique Patricia de Meyer, cheffe de service. Mais la plus célébre d'entre toutes, La Gardoche, créée en 1977 avec pour revendication le jeu libre et le droit d'être sale, est passée en mains communales en 2013. "Les parents ont moins le temps", explique aussi Fabienne Guinchard du PEP .

Dans le canton de Berne, les garderies parentales peuvent fonctionner librement car seules les crèches sont soumises à autorisation. Mais tout comme en Valais, il n'en existe aucune.

Dans le canton du Jura, même si le cadre législatif les autorise, elles sont dans les faits interdites. Dans le canton de Neuchâtel, cela n'est plus possible et de toute façon, "il n'y a plus de demande", relève lui aussi le chef de service Christian Fellrath.

Les garderies mixtes et les garderies de "centre commercial"

Les garderies mixtes, qui fonctionnent avec un professionnel et un parent, sont tolérées dans tous les cantons, parfois même encouragées. La mère (ou le père) fournit alors ses services avec le statut d'auxiliaire.

Toute la Suisse romande autorise les garderies de centres commerciaux, sportifs, touristiques (surtout en Valais) ou paroissiaux (surtout à Neuchâtel). Les accueillants peuvent être peu ou pas formés, mais les parents doivent être dans les environs. La garde doit être ponctuelle et ne peut excéder quelques heures.

Dans les cantons bilingues (Valais, Fribourg et Berne), il existe aussi des groupes de jeu (Spielgruppe), qui fonctionnent souvent avec des mères, qui sont au bénéfice d'une formation de Spielleiterin.