Malgré quelques ventes spectaculaires, l'année 2015 a été plutôt terne pour les biens immobiliers particuliers à plus de 10 millions. Selon les publications du registre foncier, le nombre de transactions a été divisé par deux par rapport à 2012, tout comme le produit des ventes.
Les prix chutent
D'une vingtaine de biens à plus de 10 millions de francs il y a quatre ans, on est passé à une dizaine. Alors que le marché représentait une manne de plus de 300 millions, on se situe aujourd'hui autour des 170 millions. L'évolution est similaire pour les biens à plus de 20 millions de francs.
Cette baisse de la demande a fait drastiquement chuter les prix. Selon Francine de Planta, conseillère administrative à Collonge-Bellerive, cette chute atteindrait "40% pour des biens à plus de 10 millions".
Les fonds étrangers sous la loupe
Si les acheteurs se font plus rares, la clientèle du très haut de gamme reste très cosmopolite. Parmi les acquéreurs, on retrouve des familles de dirigeants étrangers comme la fille de l'ancien roi saoudien Fahd, des directeurs de discrètes multinationales du négoce, des héritiers d'empires industriels internationaux comme le géant de la bière AB Inbev.
Certains filons se sont toutefois taris. Les oligarques russes, souvent acheteurs au début des années 2010, se retrouvent désormais du côté des vendeurs.
La crise est bien sûr passée par là, mais selon Jean-François Beausoleil, directeur régional chez UBS, un autre facteur explique que certains acheteurs désertent la Suisse: "Nous sommes devenus plus regardants sur l'origine des fonds", assure-t-il, ajoutant que la Confédération est pionnière en la matière.
Un effet de correction
Jean-François Beausoleil note que le marché genevois reste attractif, puisque qu'il attire toujours des "haut cadres et des super riches" et qu'on le compare à Londres ou Berlin. La baisse des prix n'affole donc pas les professionnels, elle fait suite à des années de hausses, avec des prix que le responsable régional d'UBS juge "exorbitants". Selon lui, on parlait alors de vente "allant jusqu'à 100 millions, sans rapport avec la valeur économique réelle des biens".
Globalement, cette évolution relève aussi d'un effet de correction après des années de faste. Elle correspond d'ailleurs à celle de l'immobilier en général à Genève. Le prix de la PPE a fortement reculé ces 12 derniers mois, souvent de plus de 4%, comme le montre notre carte réalisée sur la base de données fournies par le cabinet Wüest & Partner, commune par commune.
Tybalt Félix, Jennifer Covo