Publié

Des salaires indexés à la baisse à Genève, une mesure inédite en Suisse

GE: les salaires des employés des cliniques privées ont été indexés à la baisse
GE: les salaires des employés des cliniques privées ont été indexés à la baisse / 19h30 / 2 min. / le 12 avril 2016
L'Association des cliniques privées de Genève a revu l'indexation de sa grille salariale 2016 à la baisse. Les salaires perdent 1,4%, a appris la RTS mardi. Les employés déjà engagés ne verront pas leur revenu changer.

Les employés des cliniques privées genevoises ont eu la surprise de recevoir une lettre en début d'année leur annonçant que la grille salariale de leurs établissements serait désormais indexée à la baisse de 1,4%, selon un document obtenu par la RTS. Un cas de figure inédit en Suisse, selon les syndicats, qui dénoncent la mesure.

Tous les futurs employés seront concernés et engagés à un salaire de 1,4% inférieur à ce qu'ils auraient touché s'ils avaient été pris en 2015. Pour les plus bas salaires, la mesure représente 30 francs de moins par mois. Une différence qui peut aller jusqu'à 80 francs pour les hauts salaires.

Les employés actuels seront changés de classe afin que leur salaire reste identique, a assuré Gilles Rufenacht, président de l'Association des cliniques privées de Genève, qui précise que toutes les catégories d'employés seront touchées, y compris les cadres.

Loi du marché

Il invoque des pressions économiques pour rester compétitifs qui "obligent" les cliniques à réduire les salaires. "Les cliniques privées, contrairement aux hôpitaux publics, ne peuvent pas être déficitaires, sinon elles ferment. Elles doivent anticiper des décisions politiques de diminutions de tarifs et le seul moyen qu'elles ont de le f aire aujourd'hui, c'est d'indexer les salaires", explique Gilles Rufenacht à la RTS.

Et de jeter la pierre à ceux qui mènent la politique de santé en Suisse: "On n'est pas fier de cette mesure, mais c'est une conséquence de la politique de santé menée en Suisse romande, et maintenant du point de vue fédéral par Alain Berset. Il y a une pression sur la médecine spécialisée qui est très grave."

Colère des syndicats

Les syndicats s'insurgent, d'autant plus que ces établissements engrangent des bénéfices confortables et ont une politique d'investissement importante. "Quand on lit les sites internet où ces cliniques privées se vantent de qualité et de prestige, on pourrait espérer un effort de ces grands groupes pour que le personnel soit mieux considéré et mieux rémunéré", relève Mirella Falco, secrétaire syndicale du SIT, qui dénonce aussi une CCT vieille de 20 ans minimaliste, même si elle fixe des salaires minimaux.

Pour sa part, Daniel Lampart, chef économiste à l'Union syndicale suisse (USS), rappelle que le coût de la vie ne cesse d'augmenter, notamment à cause des primes maladie. "Les travailleurs doivent produire toujours plus; il faut au moins stabiliser les salaires, voire les augmenter."

Alors que l'indice des prix à la consommation (IPC) 2015 a baissé en moyenne de 1,1%, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique, celui-ci a toutefois augmenté de 0,3% en mars 2016 par rapport au mois précédent. Si les répercussions de l'IPC sur les salaires évoluent en général à la hausse, ils ne sont en principe jamais revu à la baisse par les entreprises.

La récente chute des prix du pétrole n'est pas étranger à cette mesure d'anticipation de la part des cliniques privées de Genève, selon leurs propres dires.

Delphine Gianora/sbad

>> Sujet complet diffusé dans le 19h30

Publié

1895 employés concernés

L'Association des cliniques privées de Genève regroupe huit établissements: Clinique Belmont, Clinique de Carouge, Clinique Générale-Beaulieu, Clinique des Grangettes, Hirslanden Clinique La Colline, Hôpital de la Tour, Clinique de la Plaine, Nouvelle Clinique Vert-Pré.

Celles-ci comptaient 1895 employés, selon les chiffres de 2013.