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Genève porte plainte contre le patron de l'usine chimique d'Avully

Chère pollution
Chère pollution / Mise au point / 14 min. / le 31 août 2014
L'ancien patron de l'usine chimique d'Avully, qui doit être décontaminée pour deux millions de francs aux frais des contribuables genevois, est visé par deux plaintes pénales, révèle dimanche la RTS.

L'Etat de Genève a porté plainte pour dommage à la propriété, mise en danger de la vie d'autrui et gestion déloyale contre l'ancien patron de l'entreprise Achemis, située à Avully, annonce la RTS dans l'émission Mise au Point dimanche soir.

Cette usine chimique, qui a dû cesser son activité fin 2013 pour mise en danger de la vie des collaborateurs, a fait faillite et l'Etat a hérité de lieux et, par conséquent, des quelque 350'000 litres de produits chimiques à évacuer pour, au minimum, 2 millions de francs.

"Le pollueur-payeur"

L'Etat a entrepris les travaux de décontamination dans l'urgence à la mi-août pour assainir les lieux. Mais il compte bien ne pas devoir passer à la caisse.

"On veut appliquer le principe du pollueur-payeur", affirme Serge Dal Busco, conseiller d'Etat chargé du Département des Finances, pour justifier le dépôt des plaintes pénales.

François Roulet/vkiss

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"Il nous disait "ferme ta gueule"!"

L'usine Achemis produisait des microbilles de plastiques pour l’industrie automobile ainsi que des solutions de base pour les entreprises de cosmétique. Mais dans ce type d’activité, le traitement des déchets est très onéreux. Alors le patron des lieux a tout fait pour réduire les coûts.

"Quand on lui demandait comment gérer les poubelles qui s'amoncelaient, ils nous disait "ferme ta gueule"!", témoigne à la RTS Hervé Montabone, ancien employé d'Achemis SA.

"On avait 3-4 contrôles par année. (...) Les chefs nous disaient "il faut pas qu'elles voient ça, les autorités", alors on cachait les déchets derrière les containers vides", explique-t-il encore avant d'ajouter que des produits chimiques étaient délibérément effacés des inventaires.

Les autorités impuissantes

Selon Daniel Chambaz, directeur de la Direction générale de l'environnement à Genève, le patron d'Achemis devait être surveillé de près. "Il fallait le rappeler plusieurs fois pour qu'il agisse".

Mais Daniel Chambat affirme que ses services ont agi au mieux avec les outils légaux dont ils disposaient. L'entrepreneur a en effet créé successivement plusieurs entreprises sur le même site, si bien que toutes les démarches devaient être reprises de zéro à chaque fois qu'une société faisait faillite.

L'ex-patron se justifie

Contacté par la RTS, l'ancien patron - un chimiste zurichois - s'est justifié en déclarant que "le propriétaire du bâtiment n'est pas Achemis, mais l'Etat de Genève."

Interrogé sur sa responsabilité dans cette situation, l'homme a esquivé en renvoyant la balle aux avocats qui enquêtent sur la situation.

Plusieurs millions pour le contribuable

Les frais de décontamination de l'usine chimique Achemis à Avully pourraient être facturés au canton de Genève.

La première étape des travaux, qui ont débuté il y a une dizaine de jours, coûtera au minimum 2 millions de francs. A moyen terme pourraient encore s'ajouter les frais de dépollution en profondeur et de réaffectation de la parcelle.

L'Etat met tout en oeuvre pour éviter de payer. Mais pour l'heure, aucun fonds n'existe pour assumer ces coûts en cas de faillite et le contribuable pourrait donc être contraint de passer à la caisse.