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Autorités religieuses épinglées dans l'affaire du capucin suisse pédophile

Alexandre Papaux, avocat et ancien juge cantonal, le Frère Agostino Del-Pietro, provincial des Capucins suisses et Francis Python, professeur à l'Université de Fribourg (de g. à d.), tous membres de la commission d'enquête indépendante. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Alexandre Papaux, avocat et ancien juge cantonal, le Frère Agostino Del-Pietro, provincial des Capucins suisses, et Francis Python, professeur à l'Université de Fribourg (de g. à d.), tous membres de la commission d'enquête indépendante. - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Un rapport d'enquête indépendant accable l'ordre des capucins et l'Evêché de Lausanne, Genève et Fribourg dans l'affaire de l'ex-prêtre pédophile qui a sévi durant des années en Suisse et en France.

Le prêtre a abusé de nombreuses victimes, dont seules 24 ont été identifiées à ce jour par la justice: 22 en Suisse et deux en France. Il n'a pas été condamné par la justice civile pour les faits commis en Suisse, car ceux-ci étaient trop anciens et donc prescrits.

Les recherches n'ont pas permis de modifier le nombre de victimes répertoriées, a indiqué mardi l'ancien juge cantonal fribourgeois Alexandre Papaux qui préside la commission d'enquête indépendante sur l'affaire.

Manquements successifs

Depuis les premières dénonciations, parvenues dès les années 1970 et jusque dans les années 2000, l'Eglise catholique a fait preuve de manquements successifs. Les supérieurs capucins n'ont d'abord pas donné suite aux alertes, puis se sont contentés de déplacer le prêtre.

Quant à l'Evêché de Lausanne, Genève et Fribourg, il est resté inactif envers les victimes et il n'a pas fait de dénonciation à la justice civile, même après un aveu du prêtre en 1989 sur un abus non prescrit.

ats/jvia

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Excuses des capucins

"Une telle chose ne doit plus jamais se reproduire", a martelé l'actuel provincial des capucins Agostino del Pietro. Il a présenté des excuses au nom de l'ordre des capucins, qui n'a pas su prendre les délits au sérieux, qui n'a pas pris de mesures pendant trop longtemps, et qui n'a pas dénoncé l'auteur des faits.

Désormais, la formation initiale et continue intègre les questions de la sexualité, a relevé Agostino del Pietro. Et d'espérer que cela contribuera à prévenir de tels cas graves à l'avenir.

L'actuel évêque de Lausanne, Genève et Fribourg Charles Morerod a lui salué l'initiative des capucins suisses de présenter les résultats de l'enquête. Il a réitéré son appel aux victimes d'abus, arguant qu'il vaut la peine que celles-ci se fassent connaître même si les faits sont prescrits.

Prêtre défroqué en 2017

La commission d'enquête qui a produit ce rapport a été mandatée par la Province suisse des Capucins pour faire la lumière sur l'affaire de ce prêtre pédophile. Cette décision faisait suite au livre publié en 2017 par le Fribourgeois Daniel Pittet, âgé de 57 ans, qui racontait les abus subis dans son enfance.

Le religieux a sévi depuis les années 1970, alors qu'il résidait en Valais. Dans les années 80, des comportements inappropriés sont aussi signalés lorsqu'il réside et exerce dans le canton de Fribourg. Il sera ensuite transféré en France, près de Grenoble, puis à Lyon.

Ce n'est qu'en mai 2017 que l'ancien prêtre a été réduit à l'état laïc, défroqué par le pape. Agé actuellement de 77 ans, il vit depuis 2009 dans un couvent du canton de Saint-Gall.