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Moins de deux communes romandes sur dix sont dirigées par une femme

Avec une part de 15,3%, les femmes à la tête d'un exécutif communal sont rares en Suisse romande. Aux deux extrêmes, leur représentativité atteint moins de 10% en Valais, contre 31,1% dans le canton de Genève.

En Suisse romande, la fonction de maire, de syndic ou de président de commune reste largement une affaire d'hommes. Seuls 118 des 769 exécutifs communaux sont dirigés par une femme, ce qui correspond à un taux de 15,3%, selon une enquête menée par la RTS (lire encadré).

Si la parité demeure bien loin, ce chiffre correspond pourtant à une avancée, selon Andreas Ladner, directeur de l'Institut des hautes études en administration publique de Lausanne. "Il est déjà plus élevé qu'il y a vingt ans, au moment où l'on a commencé à étudier le phénomène. A l'époque, on retrouvait seulement 8% de femmes dans les conseils communaux, toute fonction confondue", explique-t-il.

Un milieu aux moeurs très masculines

Mais pourquoi si peu de femmes à la tête des mairies? "La plupart du temps, les femmes briguent de tels postes seulement lorsqu'on les sollicite. Elles manquent trop souvent de confiance en elles et craignent de ne pas être à la hauteur de la tâche", analyse Isabelle Darbellay Métrailler, présidente de la Conférence romande de l'égalité.

Pour Andreas Ladner, "la conciliation entre vie de famille, vie professionnelle et mandat politique constitue un autre frein", puisqu'il s'agit fréquemment de mandats à 30 ou 40%, répartis entre les soirs et les week-ends.

Au début, lorsqu'on sortait boire un verre avec les autres membres du conseil communal, on me prenait pour la secrétaire.

Marianne Dey, syndique de Chénens (FR)

L'hésitation à se lancer dans un milieu aux moeurs très masculines s'ajoute aussi aux autres facteurs. Syndique de Chénens (FR) depuis 2001, Marianne Dey confirme: "Au début, lorsqu'on sortait boire un verre avec les autres membres du conseil communal, on me prenait pour la secrétaire."

Pour autant, à force de ténacité, les mentalités ont évolué. "Milieu masculin ou non, ce qui m'a toujours animé, c'est servir la collectivité. J'apprécie la diversité du travail. On touche aux routes, au social, au scolaire...", relève celle qui quittera son poste à la fin de l'actuelle législature après vingt ans à la tête de sa commune.

Le canton de Genève au front depuis 2007

Tous les cantons ne sont pas confrontés au phénomène de la même manière. Des disparités significatives émergent même. C'est à Genève que les femmes sont les mieux représentées (31,1%), loin devant la partie francophone du canton de Berne (18,3%) et Vaud (16,2%).

Le résultat genevois s'expliquerait en partie par la diversité des actions conduites pour promouvoir la présence des femmes en politique. "Depuis 2007, le Bureau de la promotion de l’égalité entre femmes et hommes a multiplié les conférences et les ateliers destinés aux candidates. Il a également travaillé avec les partis. S’adresser à des publics différents et agir sur le long terme est nécessaire", résume sa directrice Colette Fry.

Lanterne rouge de ce classement cantonal, le Valais ne compte que douze présidentes sur un total de 126 communes (9,5%). Pour Isabelle Darbellay Métrailler, également responsable de l'Office valaisan de l'égalité et de la famille, ce résultat est toutefois positif: "Entre les élections de 2012 et celles de novembre 2016, on a assisté à une augmentation du nombre de femmes plébiscitées à la tête des exécutifs. On craignait que la tendance ne soit inverse".

L'un des plus gros écueils, ce sont les partis. On doit les inciter à mettre plus en avant les candidatures féminines.

Isabelle Darbellay Métrailler, cheffe de l'Office valaisan de l'égalité et de la famille

La cheffe du Bureau de l'égalité se félicite surtout de la désignation d'Anne-Laure Couchepin à la tête de Martigny. La libérale-radicale est en effet devenue la première présidente d'une ville du Valais romand.

"Une telle élection ne peut qu'apporter plus de visibilité aux femmes dans le monde politique local et en encourager d'autres à s'investir", se réjouit Isabelle Darbellay Métrailler, pour qui le chemin reste encore long. "L'un des plus gros écueils, ce sont les partis. On doit les inciter à mettre plus en avant les candidatures féminines."

>> Commune par commune, la répartition homme/femme des chefs des exécutifs:

(L'absence d'indication pour certaines communes s'explique par une fusion récente)

Kevin Gertsch, avec la collaboration de Cécile Tran-Tien et Dimitri Zufferey

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Les six cantons romands et la partie francophone du canton de Berne considérés

Cet article fait suite à une précédente enquête sur la longévité des chefs des exécutifs communaux. La RTS a contacté par courriel et par téléphone un total de 769 communes. Ont été prises en compte, toutes les communes des six cantons romands, de même que celles appartenant aux arrondissements administratifs du Jura bernois et de Bienne pour le canton de Berne.