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Les mesures anti-terroristes en Suisse "traduisent une prise de conscience"

L'invité de Romain Clivaz (vidéo) - Frederic Esposito, directeur de l'Observatoire de la sécurité à l'UNIGE
L'invité de Romain Clivaz (vidéo) - Frederic Esposito, directeur de l'Observatoire de la sécurité à l'UNIGE / La Matinale / 11 min. / le 13 décembre 2017
Les autorités fédérales ont multiplié les mesures de lutte contre le terrorisme ces dix derniers jours. "C'est la traduction d'une prise de conscience", estime le spécialiste de la sécurité et du terrorisme Frédéric Esposito.

"Jusqu'en 2014, les questions liées au terrorisme n'étaient pas considérées comme un enjeu de sécurité nationale", rappelle le spécialiste des questions de sécurité et de terrorisme à l'Université de Genève Frédéric Esposito, invité mercredi de La Matinale de la RTS. Puis, dès le moment où "la radicalisation a été considérée comme un enjeu", un "paquet de mesures" a été envisagé.

En fin de semaine dernière, le Conseil fédéral a présenté un volet plus répressif, avec des nouvelles mesures policières. Elles vont du retrait de passeport pour empêcher de voyager, à l’assignation à résidence en vue d’une expulsion si une personne est considérée comme menaçante pour la sécurité intérieure.

>> Lire aussi : Nouvelle panoplie d'outils pour la police dans la lutte contre le terrorisme

Rattrapage de la Confédération?

Est-ce une tentative de rattrapage de la part du Conseil fédéral? "Cela traduit le fait que pendant très longtemps on a travaillé sur les hypothèses qui ne sont pas les bonnes", répond Frédéric Esposito.

"Si le projet de loi en consultation aujourd'hui donne l'impression de certaines évidences, ce n'est pas de la naïveté", ajoute-t-il. Il évoque "l'inertie du protocole de coopération entre les polices cantonales, entre les gardes-frontière, les autorités douanières, la police des transports, le SEM, voire fedpol" et la nécessité "de mettre un cadre législatif à ces nouvelles pratiques".

Pas un "état d'urgence"

L'expert en terrorisme rejette la volonté d'"un état d'urgence à la française". "C'est intéressant à débattre. Mais la sécurité du territoire suisse est assurée par 26 cantons et il y a quelques 'trous' au niveau de la prise de conscience (...). La culture politique et stratégique est très différente de la France, on n'est pas du tout dans le même contexte centralisé", précise-t-il. 

Pour Frédéric Esposito, il est important "d'anticiper" avec un "dispositif de prévention et de gestion des éventuels retours de combattants en Europe". "On ne peut pas prendre l'angle de l'urgence uniquement (...) Il faut accepter qu'il y a une inconnue sur le nombre de personnes et sur les profils", nuance-t-il.

Propos recueillis par Romain Clivaz

jvia

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