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Principal pollueur du monde, la Chine se pose en leader des énergies vertes

Le président chinois Xi Jinping et le président américain Donald Trump. [Reuters]
Climat, duel de géants / Geopolitis / 15 min. / le 12 novembre 2017
La Chine entend investir à court terme 360 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Le pari d'une transition verte est immense car l’Empire du Milieu consomme à lui seul la moitié du charbon de la planète.

Face à l'urgence d'un réveil écologique mondial, la communauté internationale se réunit jusqu'au 17 novembre à Bonn en Allemagne. En marge de cette COP23, la Chine entend bien montrer ses efforts dans le développement d'énergies propres.

"Cela fait depuis 2015 que la Chine investit plus dans les énergies renouvelables que dans les énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz naturel", précise le climatologue Martin Beniston, invité de Géopolitis. La deuxième puissance économique du monde entend consacrer à son virage vert pas moins de 360 milliards dollars d'ici 2020.

La bataille du ciel bleu

"Nous retrouverons un ciel bleu", a promis à son peuple le Premier ministre chinois Li Keqiang. Les investissements affluent massivement dans le solaire et l'éolien. Le pays est aujourd'hui le premier producteur d'énergie photovoltaïque.

Un pays qui prend le virage énergétique suffisamment tôt devient un pays beaucoup plus compétitif.

Martin Beniston, climatologue

Au-delà de la réponse politique, Martin Beniston évoque des raisons économiques à cette transition: "Un pays qui prend le virage énergétique suffisamment tôt devient un pays beaucoup plus compétitif. Il s'agit de produire mieux, tout en consommant moins."

Mais le ciel bleu n'est pas encore pour demain. La Chine reste aujourd'hui le premier producteur et le premier consommateur mondial de charbon. En un an, la Chine en brûle à elle seule autant que tous les autres pays du monde réunis.

Les émissions polluantes du mastodonte chinois battent tous les records: plus de 10 milliards de tonnes de rejet de CO2 en 2016. Les plus grandes villes du pays suffoquent plusieurs semaines par an dans d'épais nuages de pollution. Ce smog serait responsable de 1 à 3 millions de morts par an en Chine, selon différentes études.

Donald Trump dans la balance mondiale

Alors que la Chine met le cap sur les énergies vertes, l'Amérique de Donald Trump annonce son retrait de l'accord de Paris sur le climat. Le budget dévolu à l'agence américaine de protection de l'environnement devrait aussi être amputé de 30%.

Donald Trump se ridiculise.

Martin Beniston, climatologue

"Donald Trump se ridiculise", estime Martin Beniston. "Les Etats-Unis seront le seul pays à ne pas être signataire de l'accord de Paris." Et d'ajouter: "Le problème du retrait américain, c'est l'alimentation du fonds vert pour aider les pays en voie de développement à se prémunir contre les impacts négatifs du réchauffement climatique." L'objectif des Etats signataires est de financer ce fonds à hauteur de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020. Les Etats-Unis devaient en être le principal contributeur.

Financièrement, c'est inquiétant. Mais en termes de rejet de CO2, les Etats-Unis pourraient malgré tout tenir les engagements pris sous l'administration Obama en faveur du climat, tempère Martin Beniston. "Ce n'est pas un pays monolithique. Certains Etats américains et des grandes villes sont assez indépendants et envisageraient de faire un effort supplémentaire."

Mélanie Ohayon

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