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La fécondité masculine présente des écarts importants avec celle des femmes

L'Institut français de démographie trace une carte du monde des papas (vidéo)
L'Institut français de démographie trace une carte du monde des papas (vidéo) / La Matinale / 3 min. / le 19 octobre 2017
Combien d'enfants font les hommes et à quel âge? Après analyse de près de 150 pays, l'Institut national français d'études démographiques (INED) constate des résultats assez différents de la carte du monde des mamans.

Si l'on parle en général de fécondité en nombre d'enfants par femme, c'est parce que l'on est souvent mieux renseigné sur les mères que sur les pères.

Mais du coup, on a tendance à extrapoler et à penser que la fécondité des hommes ressemble à celle des femmes. Or, ce n'est souvent pas le cas, comme l'a constaté Bruno Schoumaker, professeur de démographie à l'Université catholique de Louvain.

"Dans certains pays, c'est très différent, essentiellement dans les pays en développement où la fécondité des femmes est encore relativement élevée. Dans ces pays, la fécondité des hommes est souvent nettement plus élevée... parfois deux fois plus élevée", explique-t-il dans La Matinale de la RTS.

Moins nombreux que les femmes, les hommes font des enfants plus tard

Exemple avec le Niger - champion du monde de la reproduction - les femmes font en moyenne 7,7 enfants, ce qui peut déjà être assez impressionnant. Mais c'est avant de savoir que les hommes, eux, en font 13,6 en moyenne.

Or cette différence ne s'explique pas nécessairement par des facteurs biologiques, mais plutôt par l'âge de procréation. "Les hommes ont leurs enfants plus tard que les femmes. Et aux âges auxquels ils ont leurs enfants, ils sont moins nombreux que les femmes. Donc pour arriver au même nombre de naissances que les femmes en moyenne, ils doivent 'avoir plus d'enfants', précise Bruno Schoumaker".

Ainsi au Sénégal, par exemple, l'âge moyen de la paternité est de 44 ans, alors que l'âge moyen de la maternité n'est que de 30 ans. Or, en Afrique sub-saharienne, il y a une forte poussée démographique: beaucoup de naissances, beaucoup plus de jeunes que de vieux - donc, beaucoup plus de jeunes femmes de 25-30 ans que d'hommes quadragénaires.

>> La carte du monde des papas de l'étude de l'INED : La fécondité des hommes dans le monde autour de 2010. [B. Schoumaker, Population & Sociétés n° 548, INED, Octobre 2017]
La fécondité des hommes dans le monde autour de 2010. [B. Schoumaker, Population & Sociétés n° 548, INED, Octobre 2017]

Dans ces pays, les hommes ont par conséquent des enfants avec plusieurs femmes, ajoute l'auteur de cette recherche: "Il y a bien sûr des mécanismes sociaux, matrimoniaux, qui rendent ces différences possibles. Et notamment en Afrique subsaharienne, c'est une polygamie assez importante en particulier en Afrique de l'Ouest. Et des dynamiques matrimoniales avec du veuvage, du remariage, des divorces qui peuvent s'accompagner d'une fécondité avec un nombre relativement important de femmes chez les hommes."

Des écarts plus faibles en Occident

Dans les pays occidentaux, c'est l'inverse. Comme partout dans le monde, il y a un peu plus de garçons que de filles à la naissance. Mais il n'y a pas de poussée démographique et les hommes et les femmes font des enfants à peu près au même âge - à deux ou trois ans près.

Du coup, on retrouve cette légère surproportion: il y a plus de messieurs en âge de procréer que de femmes. Et ils ont plus de peine à trouver une partenaire pour faire des enfants.  Résultat: ils en font un peu moins que les femmes, mais l'écart est vraiment très faible, de l'ordre de 0,1 enfant.

Moins de temps à vivre avec les enfants

Au final, les différences constatées dans l'étude impliquent notamment qu'il reste aux pères beaucoup moins de temps à vivre avec leurs enfants que les mères dans certains pays, où ils font des enfants 10 à 15 ans plus tard que les femmes - surtout si l'on considère qu'ils ont aussi une espérance de vie plus courte.

Et puis, à l'heure où la science commence à réaliser que l'âge des pères a aussi une influence sur la santé de leur progéniture, ces constats posent également des questions plus globales de santé publique.

Lucia Sillig/jzim

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