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Charlie Hebdo s'invite dans la campagne présidentielle française

Un journaliste consulte l'édition spéciale de Charlie Hebdo du 7 janvier dernier. [AFP - Eric Feferberg]
Un journaliste consulte l'édition spéciale de Charlie Hebdo du 7 janvier dernier. - [AFP - Eric Feferberg]
Charlie Hebdo interpelle pour la première fois de son histoire les candidats à la présidentielle en France dans son édition à paraître mercredi. L'hebdomadaire invite les politiques à s'engager en faveur de la laïcité.

"Jamais, depuis le vote de la loi de 1905, la laïcité n'a été autant attaquée ou instrumentalisée", écrit Charlie Hebdo dans un appel relayé mardi par la presse française.

"De procès en 'islamophobie' en remise en cause du droit à l'avortement, de revendications communautaires en Manif pour tous, de 'mode du burkini' en 'racines chrétiennes', de 'particularisme culturels' en 'défense de l'identité', jamais les affaires publiques n'ont été autant à la merci des ingérences religieuses, menaçant la liberté de conscience et l'égalité des droits", ajoute le texte du journal satirique, qui a été frappé par un attentat djihadiste le 7 janvier 2015.

"L'idée, c'est de ramener la laïcité au centre du débat car ce n'est pas juste un outil, c'est d'abord un principe politique qui est inscrit dans la Constitution", a expliqué à l'AFP Gérard Biard, rédacteur en chef de l'hebdomadaire.

Candidats interpellés sur trois points

Dans son appel, Charlie Hebdo demande aux candidats à la présidence de s'engager sur trois points. Tout d'abord, "ne pas modifier, de quelque manière que ce soit, la loi du 9 décembre 1905 sur la laïcité". La législation française consacre la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ainsi que la liberté religieuse.

Le journal souhaite également que les présidentiables s'engagent à "ne jamais introduire dans la législation, sous quelque forme que ce soit, des aménagements particuliers à l'égard d'une communauté religieuse". Une référence par exemple aux "tribunaux islamiques" londoniens ou à des écoles confessionnelles musulmanes, selon le directeur de la publication Riss, interrogé par Le Monde.

Enfin, Charlie Hebdo demande de "ne jamais introduire, de quelque manière que ce soit, un délit de blasphème dans la législation". L'hebdomadaire est particulièrement concerné par la question, étant un habitué des dessins satiriques s'attaquant aux religions.

"Une légitimité à poser ce genre de questions"

"On a une légitimité à poser ce genre de questions, parce que s'il s'est produit ce qu'il s'est produit le 7 janvier 2015, c'est justement parce qu'on a lâché depuis trop longtemps la question fondamentale de la laïcité comme principe politique", estime Gérard Biard.

Douze personnes ont perdu la vie dans l'attentat contre Charlie Hebdo il y a deux ans, dont huit membres de la rédaction. En réaction à l'attaque djihadiste, un mouvement de soutien en faveur du journal et de la liberté d'expression avait vu le jour en France et à l'étranger.

tmun

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