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Le sort de Matteo Renzi suspendu au référendum de dimanche en Italie

Le référendum sur la réforme constitutionnelle en Italie s'est transformé plébiscite pour ou contre Matteo Renzi. [AP Photo - Andrew Medichini]
Le référendum sur la réforme constitutionnelle en Italie s'est transformé plébiscite pour ou contre Matteo Renzi. - [AP Photo - Andrew Medichini]
Le chef du gouvernement italien a défendu jusqu'au bout vendredi le projet de réforme constitutionnelle sur lequel les Italiens votent dimanche et auquel Matteo Renzi a lié son destin politique. Quels en sont les enjeux?

Matteo Renzi a pressé ses partisans de convaincre les indécis de voter en faveur du référendum, dimanche. En revanche, le "silence électoral" était de rigueur samedi en Italie, car tout commentaire est interdit dans les médias jusqu'à la clôture des bureaux de vote dimanche à 23H00.

Quelque 50 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer sur une réforme constitutionnelle majeure. Or, ce référendum est devenu un plébiscite pour ou contre le président du Conseil.

Sur quoi porte le vote?

Les Italiens se prononcent sur une réforme constitutionnelle portée par le gouvernement de Matteo Renzi, qui veut simplifier le processus législatif. Le principal changement serait la fin du bicaméralisme parfait, dans le but d'éviter les blocages législatifs.

Concrètement, le texte restreint le pouvoir du Sénat au profit de la Chambre des députés, qui serait alors la seule des deux chambres à être élue par le peuple. Le Sénat amaigri deviendrait une Chambre des régions et ne compterait plus que 100 sénateurs contre 315 aujourd'hui.

Qu'en attend le gouvernement Renzi?

Les partisans de la réforme, principalement issus du Partito democratico (PD - centre gauche) du président du Conseil, estiment qu'en renforçant le rôle de l'exécutif, elle offrirait davantage de stabilité à l'Italie, qui a connu 62 gouvernements différents depuis la fin du fascisme il y a 73 ans.

Cette stabilité permettrait aussi au pays d'avoir davantage de poids en Europe.

Si nous faisons tout ce qui est nécessaire pour changer la politique, l'Italie peut être l'un des leaders de l'Europe, avec la France et l'Allemagne.

Matteo Renzi, Président du Conseil italien, interrogé par la RTS

En réduisant le nombre de politiciens et d'instances, la réforme se veut une manière de réduire les coûts, mais aussi de rendre plus rapide l'adoption des lois.

>> Les enjeux du vote expliqués dans Geopolitis :

Zoom: les enjeux du vote
Zoom: les enjeux du vote / Geopolitis / 1 min. / le 27 novembre 2016

Qui s'y oppose et pour quelles raisons?

La coalition des oppositions à la réforme va du Mouvement 5 étoiles à la gauche radicale en passant par le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi (qui avait soutenu le texte dans un premier temps), la gauche radicale, la Ligue du Nord ou encore l'ancien président du Conseil Mario Monti. Une minorité du PD milite aussi pour le "non".

Certains des opposants se sont prononcés contre une réforme jugée "mal écrite", notamment ses dispositions concernant les futurs rapports entre l'Etat central et les régions. D'autres lui reprochent de ne pas aller assez loin: pourquoi limiter les pouvoirs du Sénat et ne pas simplement le supprimer? D'autres encore estiment qu'elle donne trop de pouvoir au chef de l'exécutif.

En outre, dès lors que Matteo Renzi, 42 ans, a laissé entendre qu'il démissionnerait en cas d'échec, le vote sur la réforme constitutionnelle s'est transformé en plébiscite pour ou contre le Premier ministre et nombreux sont ceux qui appellent à un vote sanction contre lui. Il a d'ailleurs confirmé qu'il refuserait de prendre la tête d'un gouvernement technique chargé de préparer de nouvelles élections en cas de victoire du "non".

Le chef de l'Etat italien, arrivé au pouvoir en 2014, a admis à la RTS qu'il "connaissait le risque que l'on ne vote pas sur la question mais sur les lignes politiques".

Qu'impliquerait un rejet de la réforme?

Les partisans de Matteo Renzi mettent en garde contre une nouvelle crise gouvernementale, avec le risque de projeter à l'étranger l'image d'un pays constamment bloqué. D'autant plus qu'une démission du président du Conseil engendrerait probablement des élections anticipées dans les six prochains mois.

Les défenseurs de la réforme craignent aussi que le Mouvement 5 étoiles, déjà galvanisé par la vague "anti-establishment" qui a porté le Brexit au Royaume-Uni ou l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, ne sorte renforcé du vote et ne devienne favori pour accéder au pouvoir après les prochaines élections.

Jessica Vial

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Le sort de la réforme incertain

Aucun sondage ne peut être publié pendant les deux semaines qui précèdent le scrutin, mais selon Reuters, les 40 derniers annoncent tous la victoire du "non" avec une marge allant jusqu'à 11%.

Des sources proches du Parti démocrate assurent toutefois que les indécis représentent encore un quart de l'électorat, ce qui laisse un espoir aux partisans de la réforme.

Au départ, 70% de l'électorat y était favorable, mais la tendance s'est inversée fin 2015, lorsque le président du Conseil a lié son sort à celui du scrutin, devenu un référendum sur son maintien aux affaires.