Publié

Les politiciens de retour d'Erythrée veulent rencontrer Sommaruga

Un groupe de parlementaires suisses revient d’un voyage controversé en Erythrée
Un groupe de parlementaires suisses revient d’un voyage controversé en Erythrée / 19h30 / 2 min. / le 13 février 2016
Le groupe de politiciens suisses qui s'est rendu en Erythrée veut rencontrer Simonetta Sommaruga. Une lettre a été envoyée à la ministre de la justice, a annoncé à son retour samedi Susanne Hochuli, conseillère d'Etat argovienne.

Après son atterrissage à Zurich, Susanne Hochuli, a partagé devant les médias ses "nombreuses impressions positives" sur son voyage en Erythrée. "Je n'ai jamais eu l'impression de me faire instrumentaliser." Elle s'est notamment dit impressionnée par ses visites dans les écoles et les hôpitaux.

Parler avec les Erythréens, tant dans la capitale que dans le pays, n'a posé aucun problème. "Mais dès que la discussion portait sur la politique, ils se bloquaient. Il était impossible de parler des prisons", a-t-elle reconnu. Aucune visite de prison, de poste de police ou de camp d'entraînement militaire n'a d'ailleurs pu être effectuée par la délégation suisse.

Voyage polémique

La conseillère d'Etat verte faisait partie d'un groupe de parlementaires suisses qui se sont rendus en Erythrée afin d'y évaluer la situation politique et économique. Le pays constitue la première provenance des requérants d'asile en Suisse. Parmi eux, les conseillers nationaux Thomas Aeschi (UDC/ZG), Yvonne Feri (PS/AG), Claude Béglé (PDC/VD) et Christian Wasserfallen (PLR/BE).

Ce voyage a créé la polémique dès le départ. De nombreuses critiques ont été émises par le milieu politique, qui a vu ce séjour comme une action de propagande du régime dictatorial.

A écouter, le sujet de Forum:

Un camp de réfugiés à Asmara, en Erythrée. [AFP - Roger Viollet]AFP - Roger Viollet
Les parlementaires de retour d'Erythrée appellent à une vision plus positive du pays / Forum / 1 min. / le 13 février 2016

ats/mre

Publié

Une autre vision du pays

La délégation helvétique a fait dans son ensemble un bilan qui contraste avec les nombreux rapports très critiques sur ce pays de l'Afrique de l'Est.

Simonetta Sommaruga rappelait l'été dernier que de nombreux rapports et informations sur l'Erythrée étaient unanimes pour décrire ce pays comme une dictature et un Etat de non-droit, où même le CICR n'a pas accès aux prisons.

Une résolution de l'ONU condamne de graves violations "massives et systématiques" par le gouvernement d'Asmara (tortures, exécutions, disparitions, etc). Sans parler des prisons secrètes, ainsi que l'enrôlement indéfini dans l'armée, le plus souvent sans salaire, pratique assimilée à du travail forcé.

Elle exige désormais un mandat fédéral pour une mission d'enquête au plus haut niveau, avec ses propres ressources.

Elle veut aussi que la Suisse installe une représentation permanente en Erythrée afin d'améliorer le dialogue diplomatique, le lancement d'un programme d'aide au développement et un dialogue sur la migration. Car sans relations diplomatiques, il n'y aura pas d'accord de réadmission avec l'Erythrée, selon la conseillère d'Etat verte.

Critiques d'Amnesty

L'ONG Amnesty Suisse a réagi samedi soir sur la RTS. "Nous n'avons pas critiqué le groupe avant qu'il ne fasse le voyage, nous leur avons transmis nos rapports sur ce pays". Mais nous sommes désormais très critiques en voyant son bilan, a déclaré en substance sa directrice, Manon Schick.

"Heureusement, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) fait ses propres recherches", a-t-elle poursuivi. Amnesty de son côté étudie ce pays depuis des années, grâce notamment à des informations livrées parfois au péril de leur vie par des activistes des droits humains, ou à des images satellites montrant des camps militaires.

"Aujourd'hui, en cas de renvoi forcé par la Suisse, des déserteurs passeraient des années en prison en Erythrée. Des enfants sont détenus de force. Les chrétiens évangéliques sont opprimés." C'est cela la réalité du pays, a conclu la directrice d'Amnesty.