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Pour Charles Beer, il faut "éviter la surenchère pénale permanente"

Charles Beer succède au Bernois Mario Annoni à la présidence du Conseil de fondation de Pro Helvetia. [Martial Trezzini]
Charles Beer, président de Pro Helvetia / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 30 janvier 2015
L'ex-chef de l'Instruction publique genevoise Charles Beer a réagi vendredi à l'audition d'un enfant de 8 ans à Nice pour "apologie du terrorisme". Selon lui, il faut éviter la "surenchère pénale".

Un enfant français de huit ans a été convoqué par la police de Nice suite à une plainte de son école primaire. Il lui est reproché d'avoir tenu des propos relevant de l'apologie du terrorisme. >> Lire: L'audition d'un enfant favorable au terrorisme crée un tollé en France

Selon l'ancien chef du Département genevois de l'instruction publique (DIP) et actuel président du conseil de fondation de Pro Helvetia, qui s'exprimait vendredi sur la RTS, la décision est exagérée.

"Il faut éviter cette surenchère pénale permanente, dans laquelle on voudrait transformer un enfant, ou régler avec les enfants ce que l'on n'est pas capable de régler avec les adultes", a-t-il appuyé.

"Les questions éducatives doivent primer"

"Il faut savoir qui est inculpé et qui est dénoncé, il y a des dispositions pénales sur la manière dont on traite un enfant. Et les questions éducatives doivent prévaloir en toutes circonstances", a martelé Charles Beer, qui précise qu'une telle "dérive" ne serait pas possible en Suisse, car le droit des mineurs prévoit qu'un enfant n'est jugé responsable de ses actes qu'à partir de 10 ans.

Mais peut-on comprendre la direction de l'école de faire acte d'autorité ? "On ne peut pas laisser dire n'importe quoi dans l'entourage d'un élève, qui plus est dans un contexte aussi chargé émotionnellement, (...) les enseignants sont scrupuleux et ne préviennent pas la police pour rien. Mais on ne peut pas avoir un enfant de cet âge là prévenu pour apologie du terrorisme".

Importance de l'enseignement

Pour lutter contre ce type de propos radicaux, l'ancien chef du DIP genevois se dit sceptique à l'encontre des programmes de désendoctrinement, comme il en existe en Grande-Bretagne.

Il souligne simplement l'importance de l'école, en particulier de l'enseignement des religions. "La connaissance, en toute situation, est un élément qui permet à l'élève, et plus tard à l'adulte, de prendre de la distance, d'analyser une situation", estime-t-il. "On ne peut pas continuer à produire tant d'exclus et à exiger que tout se passe bien!"

jvia

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