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Les condoléances turques ne sont pas des "excuses", selon Aznavour

Charles Aznavour est en tournée de promotion de son livre "Tant que battra mon cœur". [Stan Honda]
Charles Aznavour est l'ambassadeur d'Arménie en Suisse. - [Stan Honda]
Alors que le Premier ministre turc a présenté mercredi les condoléances de la Turquie "aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915", Charles Aznavour estime qu'il ne s'agit pas d'une reconnaissance du génocide.

Le chanteur franco-arménien Charles Aznavour estime que le terme de "condoléances" utilisé par la Turquie pour s'adresser aux descendants des Arméniens massacrés en 1915 ne doit pas être lu comme une reconnaissance pour le génocide. Un avis partagé par d'autres voix arméniennes en France.

"Opération de communication"

L'artiste, nommé en 2009 ambassadeur d'Arménie en Suisse, où il réside, a déclaré: "Ne reconnaissant toujours pas le génocide, il faut donc lire dans la déclaration de M. Erdogan le terme de "condoléances" non comme une reconnaissance et encore moins comme une présentation d'excuses, mais comme une simple volonté personnelle à vouloir se montrer un homme politique prétendument ouvert".

Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) a également dénoncé jeudi une "opération de communication" pour éviter d'avoir à reconnaître le génocide arménien.

"On ne présente pas des condoléances 99 ans ans après un génocide", a fait valoir le CCAF.

afp/moha

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Commémorations en Arménie

L'Arménie, qui commémore jeudi le génocide perpétré il y a 99 ans sous l'empire ottoman, a rejeté les condoléances présentées par la Turquie dans un geste inédit, et réclamé d'Ankara reconnaissance et "repentir".

Le génocide "continue tant que le successeur de la Turquie ottomane poursuit sa politique de déni total", a déclaré le président arménien Serge Sarkissian dans un communiqué.

"Nous sommes convaincus que le déni d'un crime constitue sa continuation directe. Seule la reconnaissance et la condamnation (du génocide) peuvent empêcher la répétition d'un tel crime à l'avenir", a-t-il ajouté.

Pas suffisant pour François Hollande

Les condoléances du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan constituent "une évolution" mais ne sont pas suffisantes, a estimé jeudi François Hollande. Le président français s'est exprimé à l'occasion des commémorations du génocide à Paris.

"Ce qui doit être dit, c'est ce qui s'est produit, même s'il y a là une évolution" de la part de la Turquie, a ajouté le chef de l'Etat qui se rendra à Erevan le 24 avril 2015 pour le centenaire du génocide arménien.

Le cinéaste Atom Egoyan rejette les condoléances

Pour le cinéaste canadien d'origine arménienne Atom Egoyan, qui a perdu ses grands-parents dans ces massacres, les déclarations de M. Erdogan ne sont toutefois "qu'une tentative de manipulation pour perpétuer le déni de l'Etat face au génocide arménien", a-t-il écrit dans une tribune publiée dans le quotidien Globe and Mail.

Et ce déni continu de la Turquie "ne fait que perpétuer la violence de cet acte horrible", a-t-il insisté.

"En ce jour, les Arméniens se souviennent d'un génocide qui a débuté il y a 99 ans. Il en sera ainsi tant que son auteur niera sa responsabilité dans ce crime", conclut le cinéaste.