L'édition du mois d'août du magazine américain Rolling Stone, dont la couverture a été révélée mardi, suscite de vives réactions à travers les Etats-Unis avant même sa mise en vente. En cause, la photo du survivant des deux frères auteurs de l'attentat de Boston, Djokar Tsarnaev.
Si le mot "bomber" (terroriste) en grandes lettres noires ne sautait pas aux yeux, on croirait à la photo d'un artiste à la mode: le regard, la coiffure, la pose. Mais c'est bien de Djokhar Tsarnaev dont il s'agit, un homme qui encourt la peine capitale pour les morts et les mutilés de l'attentat de Boston lors de son procès qui se tiendra en automne.
Précédent avec Charles Manson
Le jeune homme avait lui-même publié cette image sur internet. A l'époque, il n'imaginait peut-être pas qu'elle finirait en couverture d'un magazine réputé pour ses articles sur la musique mais aussi pour des enquêtes fouillées sur des sujets graves et des controverses occasionnelles. En 1970, il avait ainsi mis le tueur Charles Manson en couverture.
L'article sur Tsarnaev propose aux lecteurs de découvrir "comment un étudiant prometteur négligé par sa famille est tombé dans l'islam radical et est devenu un monstre".
Eric Guevara-Frey/oang
Censure et boycott
Cette édition de Rolling Stone sera mise en vente le 3 août mais pas partout. Plusieurs chaînes de distribution y renoncent - par respect pour les victimes, expliquent-elles. Des torrents d'indignation se sont déversés sur les réseaux sociaux, assortis d'appels au boycott. Des responsables politiques ont dénoncé une lourde faute de goût.
En réponse, Rolling Stone affirme son soutien aux victimes et défend son choix de traiter le sujet. Mais le magazine ne répond pas à la question soulevée par la photo de couverture: peut-on offrir le statut de rock-star à un terroriste?
Des voix, plus rares, se font tout de même entendre pour soutenir la démarche, saluant la volonté de montrer le "visage ordinaire du mal".