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La Constitution égyptienne adoptée officiellement à plus de 60% des voix

En Egypte, les partisans du président islamiste Mohamed Morsi ont gagné mardi. [Mahmoud Khaled]
En Egypte, les partisans du président islamiste Mohamed Morsi ont gagné mardi. - [Mahmoud Khaled]
Les résultats officiels du référendum sur le projet de Constitution controversé en Egypte ont été annoncés mardi soir. Conformément aux annonces des islamistes, le texte a recueilli 63,8% des voix.

Le projet de Constitution défendu par les islamistes au pouvoir en Egypte a été approuvé par 63,8% des voix, a annoncé mardi soir la commission électorale. Le taux de participation a été de 32,9%, a précisé Samir Aboul Maati, le président de la commission.

Le résultat officiel est conforme aux estimations diffusées depuis ce week-end par les Frères musulmans comme par l'opposition, regroupée au sein du Front de salut national et hostile au texte. Plusieurs ONG avaient dénoncé des irrégularités pendant le scrutin des 15 et 22 décembre et l'opposition a accusé les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, de fraude en faveur du "oui".

"Il n'y a pas de vaincu dans le résultat de ce référendum. Cette Constitution sera celle de tous", a réagi le Premier ministre Hicham Qandil, en appelant "toutes les forces politiques à coopérer avec le gouvernement (...) pour donner une chance à la nation de reprendre son souffle et pour que l'économie se rétablisse".

Elections législatives sous deux mois

Des élections législatives doivent maintenant être organisées dans un délai de deux mois environ. En Egypte, les élections doivent se dérouler sous la supervision des magistrats pour être valides. Or, les ONG et l'opposition ont assuré que des personnes s'étaient fait passer pour des juges dans certains bureaux de vote.

"Tous ceux qui ont participé au processus étaient membres d'une des instances de la magistrature", a assuré le président de la commission. "Les résultats de certains bureaux ont toutefois été invalidés, notamment parce qu'ils avaient fermé avant l'heure fixée par la commission", a-t-il concédé.

Risque de polariser à nouveau l'Egypte

Ce scrutin risque à nouveau de polariser l'Egypte entre le bloc islamiste, - vainqueur de toutes les consultations électorales depuis la chute de l'ancien président Hosni Moubarak - et une opposition disparate, mais qui a resserré les rangs à l'occasion de la campagne référendaire.

Après les violentes manifestations qui ont précédé le référendum, organisé en deux phases à sept jours d'intervalle, Le Caire semblait néanmoins calme après l'annonce des résultats définitifs, et les partis d'opposition n'ont pas lancé d'appels à manifester.

Alors que le président Mohamed Morsi considère que l'adoption de la constitution met un terme à la longue et turbulente période post-révolutionnaire qui a suivi la chute d'Hosni Moubarak en février 2011, certains analystes estiment que la méthode forte employée par le chef de l'Etat pour faire passer le texte n'a fait que galvaniser l'opposition, qui dénonce une constitution dangereuse pour les libertés, les droits des femmes et des minorités, dont les chrétiens coptes qui constituent 10% de la population.

afp/ptur

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L'appel des Etats-Unis et de l'UE

Le porte-parole du département d'Etat américain Patrick Ventrell a appelé mardi le président égyptien à mettre "fin aux divisions" et à "élargir le soutien au processus politique" après l'adoption de la Constitution controversée.

Les Etats-Unis "ont toujours soutenu le principe selon lequel la démocratie nécessite bien plus que la simple règle de la majorité. Elle nécessite de protéger le droit de bâtir des institutions qui la rende concrète et pérenne", observe le département d'Etat, rappellant que "de nombreux Egyptiens ont exprimé leur profonde inquiétude face au contenu de la Constitution".

La représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton a pour sa part exhorté Mohamed Morsi à "rétablir la confiance" dans la démocratie.

"Il est très important que tous les Egyptiens soient convaincus que ce processus est rétabli", a-t-elle insisté.

Démission du ministre des Communications

Le ministre égyptien des Communications Hany Mahmoud a démissionné, a rapporté l'agence officielle Mena mardi soir.

"Je n'ai pas pu m'adapter à la culture du travail gouvernemental, surtout dans le cadre de la situation actuelle du pays. C'est pourquoi j'ai présenté ma démission il y a plus d'un mois, et je continuerai à travailler jusqu'à ce qu'un nouveau ministre soit choisi", a-t-il dit selon l'agence.

Hany Mahmoud n'a pas donné plus de précisions sur les raisons de sa décision, mais la date de sa démission semble coïncider avec l'annonce, le 22 novembre, d'un décret par lequel le président Mohamed Morsi s'est accordé des pouvoirs exceptionnels.

Le président a depuis retiré son décret mais la profonde crise politique qui en a découlé divise toujours le pays. Cette démission intervient après celle, samedi, du vice-président Mahmoud Mekki, en même temps que les Egyptiens votaient sur le projet de Constitution.