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Mohamed Morsi, ce président islamiste qui divise l'Egypte

Le président égyptien Mohamed Morsi s'est accord des pouvoirs supplémentaires. [AP Photo/Maya Alleruzzo]
Le président égyptien Mohamed Morsi s'est accordé des pouvoirs supplémentaires. - [AP Photo/Maya Alleruzzo]
Arrivé au pouvoir en juin 2012, le président égyptien Mohamed Morsi est accusé de s'être engagé sur la voie d'un régime dictatorial. Retour sur la fulgurante ascension d'un islamiste qui sème la discorde en Egypte.

L'opposition égyptienne, descendue en masse dans la rue depuis deux semaines, reproche au président Mohamed Morsi de s'être octroyé des pouvoirs exceptionnels et de détruire les acquis de la révolution. Mardi, les manifestants l'ont même forcé à fuir son palais présidentiel. Sa position semble s'affaiblir pour la première fois depuis sa prise de pouvoir.

Ingénieur diplômé aux Etats-Unis

Issu d'une famille paysanne, Mohamed Morsi, 60 ans, adhère au mouvement islamiste des Frères musulmans pendant ses études au Caire dans les années 1970. Il poursuit ensuite sa formation à l'Université de Californie du Sud, où il reçoit le diplôme d'ingénieur.

Mohamed Morsi occupe des postes de plus en plus importants dans la confrérie jusqu'à devenir en 2010 membre du bureau politique et porte-parole. C’est à ce titre qu’en janvier 2011, il est emprisonné 3 jours après le début de la révolte qui provoquera la chute d’Hosni Moubarak.

Après la révolution, il est propulsé candidat à la présidence à la place de Khaïrat al-Chater, dont la candidature a été invalidée. Il promet de lutter contre la corruption des institutions, de placer l'Etat sous le signe de l'Islam, tout en garantissant les droits de la minorités chrétienne et de ne pas forcer les femmes à porter le voile.

Au tour du pouvoir judiciaire

Mmmmoomm [KEYSTONE - KHALED ELFIQI]
Mmmmoomm [KEYSTONE - KHALED ELFIQI]

Le peuple égyptien décide à 51,7% de l'envoyer au palais présidentiel au Caire le 24 juin 2012. Il assure alors qu'il sera "le président de tous les Egyptiens, sans exception". Le nouveau président dispose toutefois d'une marge de manoeuvre très réduite face au Conseil militaire, qui détient le pouvoir législatif. Mohamed Morsi entame alors sa quête du pouvoir.

En août, il annule la "déclaration constitutionnelle" accordant de larges pouvoirs à l'armée, qui perd ainsi son droit de veto. Quelques mois plus tard, il s'attaque au pouvoir judiciaire avec son décret du 22 novembre. L'opposition, qui regroupe divers mouvements libéraux, laïques et chrétiens notamment, proteste aussi contre le projet de loi fondamentale devant être soumis à référendum le 15 décembre, adopté en toute hâte par une commission dominée par les islamistes et qui sape, selon elle, des libertés fondamentales tout en ouvrant la voie à une application plus stricte de la loi islamique.

La communauté internationale attentiste

Inquiète, la communauté internationale commente timidement la décision du dirigeant égyptien. "Un pas dans la mauvaise direction", ose avancer la France, après l'adoption du décret du 22 novembre. Mohamed Morsi a aussi su profiter du conflit israélo-palestinien pour devenir un acteur essentiel de la région.

Mi-novembre, il joue le rôle de médiateur et orchestre les négociations entre le Hamas et l'Etat hébreu pour obtenir un cessez-le-feu. Sa participation est unanimement saluée et il reçoit même les remerciements du président américain Barack Obama.

Pour défendre leurs libertés, les Egyptiens ont eux repris possession de la Place Tahrir au Caire, symbole de la révolution. Mais Mohamed Morsi compte toujours sur ses partisans, prêt à se frotter aux manifestants.

Valentin Tombez

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Les Frères musulmans en bref

Les Frères musulmans de Mohamed Morsi représentent la force politique la mieux organisée d'Egypte.

Il s'agit du plus ancien mouvement de l'islamisme sunnite. Leur doctrine s'organise autour du dogme du "tawhid" (unicité de Dieu), la fusion du religieux et du politique.

Créée en 1928 par Hassan al-Banna, la confrérie a été interdite en 1954 mais dans les faits, elle bénéficiait d'une tolérance relative sous le régime de Hosni Moubarak. Ses membres faisaient néanmoins régulièrement l'objet de campagnes d'arrestations.

"Parti de la liberté et de la justice"

Après la chute de Hosni Moubarak le 11 février 2011, la confrérie islamiste a formé un parti politique légal pour pouvoir participer ouvertement aux élections.

Ce nouveau parti, baptisé le "Parti de la liberté et de la justice" (PLJ), s'est défendu d'avoir une orientation "théocratique" et a assuré qu'il serait "indépendant" de la confrérie.