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Les habitants de Benghazi se rebellent contre les milices

équences choisies - Les images du soulèvement à Benghazi
Séquences choisies - Les images du soulèvement à Benghazi / L'actu en vidéo / 1 min. / le 22 septembre 2012
Des centaines d'habitants de Benghazi se sont rebellés vendredi contre les milices armées qui font la loi dans la ville. Ils ont réussi à déloger le principal groupe extrémiste de son quartier général. On compte au moins quatre morts.

Des centaines de protestataires s'en sont pris vendredi aux milices islamistes de Benghazi, dans l'est de la Libye, chassant de leurs quartier général les salafistes de la brigade Ansar al-Charia, soupçonnée d'être derrière l'attaque meurtrière du consulat américain la semaine dernière.

Quatre morts et 70 blessés

Quatre personnes ont été tuées et 70 blessées lors d'affrontements près des locaux de la brigade Rafallah Sehati, une autre milice visée par les protestataires, selon l'agence de presse libyenne. Des militants de cette brigade ont ouvert le feu sur les protestataires.

Plus tôt dans la journée, quelque 30'000 personnes avaient défilé à Benghazi pour dénoncer les dérives de ces milices lourdement armées et incontrôlées, qui profitent de la confusion laissée par la chute du régime de Moammar Kadhafi l'an dernier.

Après la manifestation, plusieurs centaines de protestataires ont envahi le siège de la brigade Ansar Al-Charia, avant de mettre le feu au bâtiment situé dans le centre de Benghazi. Les miliciens salafistes ont d'abord tiré des coups de feu en l'air pour tenter de disperser la foule mais ils ont fini par abandonner le site, désertant avec armes et véhicules, face aux vagues de manifestants qui scandaient "non aux milices".

Les protestataires se sont ensuite dirigés vers le siège d'autres milices islamistes, dont celui de la brigade Rafallah Sahati. Là, les miliciens ont ouvert le feu sur les manifestants, qui pour la plupart n'étaient pas armés.

Les manifestants disaient vouloir dénoncer les milices armées et soutenir la police et l'armée. Ils exprimaient leur colère après l'attaque du consulat américain de Benghazi, incendié le 11 septembre dernier, qui a coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur Chris Stevens.

sipa/hend/hof

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L'impuissance des autorités

L'attaque contre le consulat américain, déclenchée lors d'une manifestation contre le film anti-islam produit aux Etats-Unis, a illustré l'incapacité des autorités à assurer la sécurité dans le pays ainsi que la montée en puissance de groupes islamistes radicaux en Libye.

Le nouveau pouvoir a échoué aussi à désarmer et à dissoudre les groupes d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi au cours de la révolution de 2011, bien que plusieurs d'entre eux aient intégré les ministères de la Défense et de l'Intérieur.

Les milices, un des pires problèmes du pays depuis la chute de Kadhafi

Pour beaucoup de Libyens, l'attaque du consulat américain le 11 septembre dernier illustre l'un des pires problèmes de la Libye depuis la chute du régime de Moammar Kadhafi il y a un peu plus d'un an, la persistance de multiples milices.

Avec leur arsenal de mitrailleuses et lance-grenades, ces petites armées sont plus puissantes que l'armée régulière et la police.

L'attaque du consulat de Benghazi est survenue alors que de premières manifestations avaient eu lieu en Egypte contre le film amateur islamophobe "Innocence of Muslims", apparemment réalisé aux Etats-Unis.

Selon des responsables officiels et des témoins, elle a été dirigée par des combattants d'Ansar al-Charia.

Vendredi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton a affirmé que "ce qui s'est passé à Benghazi était un attentat terroriste", promettant que les Etats-Unis feraient tout pour retrouver "les terroristes qui ont tué quatre Américains".

La cheffe de la diplomatie américaine a également condamné les violences qui ont éclaté lors des manifestations dans le monde musulman contre "Innocence of muslims". Un film qu'elle a jugé "insultant, dégoûtant et condamnable", tout en soulignant qu'il ne peut justifier l'usage de la violence.