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Le sommet de l'environnement de Rio accouche d'un accord a minima

"Rio+20: bla bla bla ou action?", s'interrogent ces militants de Greenpeace. [Rodrigo Paiva]
"Rio+20: bla bla bla ou action?", s'interrogent ces militants de Greenpeace. - [Rodrigo Paiva]
Quelque 190 pays ont signé vendredi le texte déjà critiqué du sommet de l’environnement Rio+20, s’engageant à promouvoir une "économie verte" épargnant les ressources de la planète et éradiquant la pauvreté.

Vingt ans après le Sommet de la Terre qui avait imposé l'environnement sur l'agenda mondial, le sommet sur le développement durable, précédé par des mois de discussions et de négociations, s'est achevé à Rio de Janeiro avec l'adoption d'un compromis a minima mis au point par le Brésil, pays hôte. Quelque 188 pays de l'ONU ont approuvé par consensus ce texte intitulé "Le monde dont nous voulons".

Celui-ci a été salué par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon comme étant un "très bon document, une vision sur laquelle nous pourrons bâtir nos rêves". La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est elle aussi félicité du résultat: "nous nous sommes ligués autour d'une déclaration finale qui marque une avancée réelle pour le développement durable".

Une vision pas entièrement partagée par la conseillère fédérale Doris Leuthard.

"Occasion manquée"

La tonalité était très différente au sein de la société civile, très en colère. Des milliers de militants ont clamé leur déception pendant les trois jours du sommet, dénonçant l'"échec" et le manque d'ambition de Rio+20.

Pour Kumi Naidoo, directeur général de Greenpeace International, "on remet en ordre les fauteuils sur le pont du Titanic alors qu'il est en train de sombrer". "Les attentes étaient très faibles mais le résultat est encore plus maigre... Ce fut une occasion manquée", a estimé Manish Bapna du centre de réflexion américain World Resources Institute (WRI)

Hantés par l'échec de la conférence de Copenhague en 2009 qui s'était achevée sur un fiasco retentissant, pays riches et pauvres se sont accordés sur une série de promesses pour guérir les plaies de la planète (lire ci-dessous).

Financement en suspens

Le financement est resté en suspens: en temps de crise, et avec des budgets à sec, les pays riches n'ont plus les moyens de mettre la main à la poche. La proposition des pays en développement d'un fonds de 30 milliards de dollars est restée sans suite. Rio+20 encourage ainsi de nouvelles sources de financement entreprises, partenariats, etc.- ainsi que des "financements innovants", sans les détailler.

"Il est facile de dire que le document est sans ambition. Mais personne n'a mis de ressources supplémentaires sur la table. J'ai vu les pays en développement prendre des engagements mais aucun pays riche ajouter des ressources", a dénoncé la ministre brésilienne de l'Environnement Izabella Teixeira.

agences/bkel/ptur

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Une déclaration sans objectifs contraignants

La déclaration finale du sommet Rio+20 est un texte de 49 pages, en 283 paragraphes, avec de bonnes intentions et le lancement du processus d'objectifs du développement durable que voici:

- "Politiques d'économie verte": c'est "un des outils importants" pour aller vers le développement durable. Elles ne doivent pas "imposer des règles rigides" mais "respecter la souveraineté nationale de chaque pays", sans constituer "un moyen de discrimination" ni "une restriction déguisée au commerce international".

- Gouvernance mondiale du développement durable: le texte décide de "renforcer le cadre institutionnel". La commission du développement durable, totalement inefficace, est remplacée par un "forum intergouvernemental de haut niveau". Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) voit son rôle affirmé et revalorisé.

- "Cadre d'action
": le texte propose des secteurs où il y a "de nouvelles opportunités" et où l'action est "urgente" notamment du fait d'une insuffisante réalisation des résultats de précédentes conférences. Les 25 domaines particulièrement ciblés vont de l'éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l'eau, l'énergie, le transport, la santé, l'emploi, aux océans, changement climatique, la consommation et la production durables.

- Objectifs du développement dura
ble: sur le modèle des Objectifs du Millénaire pour le développement à échéance 2015, le sommet insiste sur l'importance de fixer des "Objectifs du développement durable" (ODD) "en nombre limité, concis et tournés vers l'action". Des propositions seront émises en 2013, pour une mise en place à partir de 2015.

- Les moyens de réalisation du développement du
rable: la déclaration insiste sur "la conjugaison de l'assistance au développement avec l'investissement privé" et sur la nécessité de transferts de technologie vers les pays en développement et sur le "renforcement des capacités" (formation, coopération...).