Publié

Le suspect du massacre de villageois afghans est inculpé de 17 assassinats

L'avocat du militaire avait confié à la presse que son client (ici à droite) souffrait d'amnésie et ne se souvenait pas de la nuit du massacre.
L'avocat du militaire a confié à la presse que son client (ici à droite) souffrait d'amnésie et ne se souvenait pas de la nuit du massacre.
Le sergent américain soupçonné d'avoir tué des villageois afghans, dont de nombreux enfants, a été formellement inculpé vendredi de 17 assassinats et de six autres tentatives

Ce sous-officier de 38 ans avait quitté sa base du district de Panjwayi, dans la province de Kandahar (sud de l'Afghanistan) au milieu de la nuit du 11 mars, avant de tuer dans deux villages voisins 17 personnes, dont des femmes et des enfants, et de brûler les cadavres, selon l'accusation. Un précédent bilan faisait état de 16 tués, dont neuf enfants.

Le sergent était ensuite revenu à sa base et s'était rendu. Transféré dans un premier temps sur une base américaine au Koweït, il a été placé en détention provisoire dans la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas, centre).

Au mieux la prison à vie

D'après le code militaire, "la sentence maximale en cas de culpabilité pour assassinat est le renvoi des forces armées, la dégradation au rang le moins élevé, la suppression de toute solde, et la mort", précise le communiqué. La sentence minimale en cas de culpabilité est la prison à vie, avec possibilité de libération conditionnelle, toujours selon le texte.

En dépit de vives protestations afghanes, jusqu'au président Hamid Karzaï qui a dénoncé un manque de coopération américain qui "ne peut plus être toléré", le sergent Bales a été transféré aux Etats-Unis et placé en détention provisoire dans la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas, centre).

Raisons inexpliquées

Après cette inculpation officielle, le sergent Bales comparaîtra, à une date non précisée, assisté de ses avocats, à une audience préliminaire avant un éventuel renvoi devant une cour martiale. Les raisons de son acte restent inconnues, mais selon le chef de file de ses avocats, John Henry Browne, son client souffre d'amnésie concernant les faits.

Les enquêteurs ont évoqué un possible rôle de l'alcool et de problèmes personnels, mais selon l'avocat son client n'était pas en état d'ébriété.

agences/hend

Publié

Menaces des talibans

Les talibans ont déclaré vendredi n'avoir aucune confiance dans l'issue de ce procès. "Aujourd'hui l'Amérique tente de tromper le peuple et tente d'imputer cet acte à un seul soldat. C'est un crime commis par le gouvernement américain. Recourir à une telle ruse, à une telle tromperie constitue un crime énorme", a dit Zabihullah Mujahid, un porte-parole du mouvement insurgé.

Selon lui, la tuerie du 11 mars a été "planifiée". Pour les taliban, comme pour de nombreux Afghans, Robert Bales n'a pas pu agir seul.

Les Etats-Unis et le commandement des forces de l'Otan en Afghanistan ont constamment rejeté cette thèse, assurant qu'aucun autre soldat n'avait été impliqué dans cette fusillade qui a tendu encore plus les relations entre Washington et Kaboul.