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Vladimir Poutine s'est imposé comme un dirigeant autoritaire. Portrait

Séquences choisies - Poutine remercie ses partisans
Séquences choisies - Poutine remercie ses partisans / L'actu en vidéo / 2 min. / le 4 mars 2012
Vladimir Poutine, qui a remercié ses partisans réunis près de la Place rouge, est passé d'officier du KGB à président de la Russie. Portrait.

Vladimir Poutine, espion sans renom puis haut fonctionnaire diligent, s'est imposé, après une ascension éclair, comme un dirigeant autoritaire qui, pour le meilleur ou pour le pire, a transformé la Russie depuis douze ans.

Visiblement ému, Vladimir Poutine a remercié ses partisans de l'avoir réélu. [Yuri Kochetkov]

Il a été élu dimanche président dès le premier tour (lire Vladimir Poutine élu dès le premier tour de la présidentielle russe). A ses partisans, qui étaient plus de 110'000 à s'être réunis près de la Place rouge pour l'acclamer, il a dit sa reconnaissance (

lire ci-dessous

).

Après quatre ans comme Premier ministre, cet homme au regard perçant et au front dégarni restera donc aux commandes au moins jusqu'en 2018, date à laquelle il pourra se représenter et rester au pouvoir jusqu'en 2024.

Un homme intransigeant

Il assure avoir pour seule ambition le "développement stable" d'un pays qu'il a déjà réussi à sortir de l'ornière des années 1990 pour lui redonner sa stature de grande puissance. Pour ses partisans, la "verticale du pouvoir" au service du "leader national" est la garantie d'un avenir radieux. Ils se félicitent de l'intransigeance dont fait preuve Vladimir Poutine, même lorsque cela implique la mort de dizaines d'innocents, comme durant la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou en 2002.

Ce rôle de dur, il le cultive aussi devant les caméras. Lui qui ne dit rien de sa vie privée, pas même de ses deux filles, se fait filmer galopant torse nu à cheval dans la steppe, éteignant un incendie aux commandes d'un avion ou dévalant une piste de bobsleigh.

A en croire des anecdotes racontées par son institutrice Vera Gourevitch dans un ouvrage publié en 2004, Vladimir Poutine, judoka émérite, a d'ailleurs toujours aimé la manière forte.

Insensible à la critique

Confronté depuis décembre 2011 et des législatives controversées à un mouvement de contestation sans précédent, Vladimir Poutine balaye la critique, qualifiant tour à tour les opposants de singes, d'espions à la solde des Américains ou d'incapables.

Dès lors, pour ses détracteurs, les années Poutine sont celles du mépris pour la démocratie, comme en témoigne la manière dont il revient au Kremlin. La Constitution n'autorisant que deux mandats consécutifs à la présidence, il avait désigné en 2008 comme successeur un proche, Dmitri Medvedev. Celui-ci s'est effacé pour la présidentielle du 4 mars, respectant le scénario mis au point depuis "plusieurs années", a expliqué Vladimir Poutine.

Pourtant, c'est en réformateur que Vladimir Poutine est entré en politique en 1991, devenant un proche collaborateur du maire de Saint-Pétersbourg après une carrière d'officier du KGB, dont on ne sait rien ou presque, sinon qu'il a servi en RDA (1985-1990).

En 1996, année où il intègre l'administration du président Boris Eltsine, miné par l'alcool et la maladie, Vladimir Poutine met même en garde contre la tentation du retour à un dirigeant à poigne pour remettre de l'ordre en Russie. "Ce confort passera vite, cette poigne commencera à nous étrangler", disait-il dans une interview.

Sans concession

Au Kremlin, il séduit alors par son efficacité: dès l'été 1998, il est parachuté à la tête du FSB (successeur du KGB) et un an plus tard il devient Premier ministre. A ce poste, il se révèle sans concession, déclenchant dès octobre, après une vague d'attentats, la deuxième guerre de Tchétchénie, un conflit sanglant qui sera à la base de sa popularité, mais aussi de son image autoritaire.

En décembre 1990, Boris Eltsine démissionne et laisse le Kremlin à Vladimir Poutine. S'appuyant sur les "structures de forces" (FSB, police, armée) et ses proches de Saint-Pétersbourg, il se débarrasse de quelques "oligarques", ces hommes d'affaires richissimes et très influents sous Eltsine.

Les télévisions passent sous la coupe du régime et l'Etat reprend un rôle prépondérant dans l'économie. L'opposition communiste et populiste est tolérée car elle n'attaque pas les fondements du système. L'ordre règne. Et pour certains, ce n'est pas un hasard: "Je pense que Poutine est un homme que Dieu et le destin ont envoyé à la Russie alors qu'elle traversait une période difficile", déclarait en juillet Vladislav Sourkov, l'ancien idéologue du régime russe.

agences/hof

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Le discours de Vladimir Poutine devant ses partisans


Chers amis!

Je veux avant tout remercier tous les citoyens russes, qui ont participé aujourd'hui à l'élection présidentielle de la fédération de Russie. En particulier merci à ceux réunis ici à Moscou, à ceux qui nous soutiennent dans notre immense et gigantesque patrie. Merci à tous ceux qui ont dit "oui" à la grande Russie. Je vous ai demandé un jour si nous gagnerions.

"Oui" répond la foule

Nous avons gagné! Nous avons gagné dans une lutte ouverte et honnête. Merci mes amis, nous avons gagné une lutte honnête et ouverte. Mais ce n'était pas juste l'élection du président de la Russie, c'était un test très important pour nous tous, pour tout notre peuple, un test de maturité politique, d'autonomie et d'indépendance.

Nous avons montré que personne ne peut rien nous imposer, personne ni rien. Nous avons montré que nos concitoyens savent faire facilement la différence entre le désir de renouveau et les provocations politiques dont le but est de détruire notre Etat et d'usurper le pouvoir. La Russie a aujourd'hui montré que de tels scénarios ne passeront pas sur notre terre. Passeront-ils?

"Non" répond la foule

Nous avons gagné aujourd'hui, et grâce au soutien écrasant de l'écrasante majorité des électeurs nous avons obtenu une victoire vitale. Nous allons travailler honnêtement et intensément, nous aurons des succès et nous appelons tout le monde à l'union autour de nos intérêts et de notre patrie. J'ai promis que nous allions gagner et nous avons gagné.

Gloire à la Russie!