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Sanctions européennes sans précédent contre l'Iran

Depuis 2007, l'ONU a infligé à l'Iran plusieurs séries de sanctions économiques et financières à cause de son programme nucléaire.
Depuis 2007, l'ONU a infligé à l'Iran quatre séries de sanctions économiques et financières à cause de son programme nucléaire.
Les pays de l'Union européenne ont décidé lundi d'imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent contre l'Iran, et de sanctionner sa banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire controversé.

Les nouveaux contrats dans le secteur pétrolier avec l'Iran sont interdits avec effet immédiat. L'annulation des contrats existants interviendra ultérieurement, d'ici au 1er juillet, pour permettre aux pays les plus dépendants de se retourner.

L'Iran vend environ 20% de son pétrole aux pays de l'UE, notamment à l'Italie, l'Espagne et la Grèce. Pour l'Espagne, renoncer à 12% de sa consommation représente un "très important sacrifice", a fait valoir son ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia Margallo, en marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne qui a décrété l'embargo.

Gros sacrifice pour la Grèce

Mais il a assuré avoir "trouvé des alternatives". D'autres pays producteurs, dans le Golfe notamment, ont en effet promis de prendre le relais de l'Iran. La décision a surtout été difficile à prendre pour la Grèce qui importe 30% de son pétrole d'Iran. En proie à une grave crise de la dette souveraine, elle l'obtient à des conditions avantageuses, et redoute notamment que ses nouveaux fournisseurs exigent d'elle des garanties financières difficiles à apporter.

Cette image satellite de 2009 montre la construction d'un site d'enrichissement d'uranium dans les montagnes près de Qom. [GeoEye]
Cette image satellite de 2009 montre la construction d'un site d'enrichissement d'uranium dans les montagnes près de Qom. [GeoEye]

Athènes a levé lundi ses objections en échange de la promesse de ses partenaires européens de se pencher sur la question des Etats dépendants du pétrole iranien au plus tard en avril. D'ici là, les difficultés liées "aux conditions d'approvisionnement de certains pays de l'UE pourront être levées" a estimé le Français Alain Juppé.

Dans le sillage de Washington

Ces sanctions sans précédent "ont pour but de faire en sorte que l'Iran prenne au sérieux notre requête de venir à la table des négociations" sur son programme nucléaire, a souligné la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. L'Agence internationale de l'énergie atomique et les occidentaux soupçonnent Téhéran, sous couvert d'activités civiles, de chercher à se doter de la bombe nucléaire.

Les Etats-Unis avaient déjà décidé fin décembre de geler les avoirs des institutions financières étrangères qui commercent avec la banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. Mais l'essentiel des ventes de pétrole iraniennes est réalisé en Asie, où Européens et Américains s'efforcent de convaincre des pays comme l'Inde de réduire eux aussi leurs importations. La décision de l'UE "va aussi influencer les actions de nombreuses autres nations", a pronostiqué le ministre britannique William Hague.

La Russie se braque

Saluée par Israël, elle a été critiquée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour qui "les sanctions unilatérales ne font pas avancer les choses". En Iran, les premières réactions ont cherché à minimiser la portée de la mesure. "Les sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran servent seulement les politiciens américains et européens" à faire de la propagande "et n'auront pas d'effet sur l'économie iranienne", a affirmé Ali Adiani, membre de la Commission de l'Energie du Parlement.

Outre l'embargo pétrolier, l'UE a gelé lundi les avoirs de la banque centrale iranienne et partiellement interdit les transactions avec l'institut monétaire, y compris la production pour son compte de pièces et de billets.

Aux 433 sociétés et 113 personnes dont l'UE avait jusqu'ici gelé les avoirs s'ajoutent désormais huit sociétés --dont la banque iranienne Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France, et en Allemagne-- et trois personnes. L'UE a aussi élargi lundi l'interdiction d'investissements dans l'industrie pétrochimique et celle d'exporter des produits sensibles, et suspendu les ventes d'or ou d'autres métaux précieux et diamants à l'Iran. Il s'agit d'"assécher les sources de financement du programme nucléaire iranien", a expliqué l'Allemand Guido Westerwelle.

afp/cab

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Les exportations pétrolières iraniennes

L'Iran vend un peu plus de 20% de son pétrole aux pays de l'Union européenne (soit environ 600'000 barils/jour), l'essentiel de ses exportations de brut étant réalisées en Asie, Chine en tête, selon les derniers chiffres de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

En Europe, les principaux pays importateurs de brut iranien sont:
- l'Italie (185'000 barils/jour, soit 13% de sa consommation de brut)
- l'Espagne (160'000 barils/jour, 12% de sa consommation)
- la Grèce (103'000 barils/jour, 30% de sa consommation)

Ces trois pays concentrent à eux seuls 75% des ventes iraniennes à l'UE.

La France, pour sa part, n'importe que 58'000 barils/jour de brut iranien, ce qui couvre 3% de ses besoins d'or noir.

Un autre gros pays importateur est la Turquie, qui achète 196'000 barils/jour, ce qui représente 30% de sa consommation pétrolière et 8% du total des exportations iraniennes.

Mais Téhéran réalise le plus gros de ses ventes pétrolières vers l'Asie, et en particulier vers:
- la Chine (550'000 barils/jour): elle absorbe 22% des exportations iraniennes de brut, qui représentent 6% de sa consommation pétrolière. L'Iran est le troisième fournisseur de pétrole du pays.
- le Japon (327'000 barils/jour, soit 13% des exportations de brut iranien et 7% de sa demande)
- l'Inde (310'000 barils/jour, soit 12% des exportations iraniennes, et 9% de sa consommation)
- la Corée du Sud (228'000 barils/jour)