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Seif al-Islam, le visage respectable du régime

Seif al-Islam a longtemps incarné le visage respectable du régime et faisait figure de successeur. [EPA/SABRI ELMHEDWI]
Seif al-Islam a longtemps incarné le visage respectable du régime et faisait figure de successeur. - [EPA/SABRI ELMHEDWI]
Seif al-Islam, un des fils du colonel Mouammar Kadhafi, arrêté dimanche selon le procureur de la Cour pénale internationale, a tenu au cours des dernières années un rôle d'émissaire ou de porte-parole du régime et était régulièrement présenté comme le futur successeur de son père. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité commis en Libye..

Homme d'influence, Seif Al-Islam, 39 ans, n'occupait pas de fonction officielle. Mais il s'est distingué ces dernières années comme l'émissaire le plus fiable du régime et l'artisan des réformes, soucieux de normaliser les relations de la Libye avec l'Occident.

En exposant le 20 août 2007 un projet de modernisation de son pays, il a relancé les spéculations sur la question de la succession. Un an plus tard, il annonce son retrait de la vie politique, affirmant avoir mis le "train des réformes sur les rails", tout en appelant à la construction d'une société civile "forte". Il dénonce une bureaucratie pléthorique contre laquelle il a dû mener "des batailles" pour imposer ses réformes et affirme qu'il intervenait dans les affaires de l'Etat par "obligation", en l'absence d'institutions.

Négociateur

Se présentant comme ambassadeur de l'humanitaire aussi bien en Libye qu'aux quatre coins du monde à travers l'association caritative qu'il a créée en 1997, il s'est surtout fait connaître lors de sa médiation dans l'affaire des infirmières bulgares libérées en juillet 2007. Auparavant il était intervenu dans d'autres négociations internationales, notamment lors des accords d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie en 1988 et contre un DC-10 d'UTA en 1989.

Né le 25 juin 1972 à Tripoli, le "Glaive de l'Islam" -son nom en arabe- est le fils aîné de la seconde épouse du dirigeant libyen et le deuxième de ses huit enfants. Il obtient en 1995 un diplôme d'ingénieur architecte à l'université al-Fateh de Tripoli, d'où son surnom d'"ingénieur Seif". Son père le charge alors de concevoir un grand complexe immobilier avec hôtels, mosquée et logements. Cinq ans plus tard, cet homme svelte aux allures de playboy part étudier la gestion à Vienne (Autriche), où il obtient un diplôme de l'International Business School. Il noue alors une amitié durable avec Jörg Haider, le chef de la droite populiste autrichienne. Enfin c'est à Londres qu'il a achevé sa carrière universitaire avec un doctorat de la prestigieuse London School of Economics.

Visage respectable du régime

Anglophone, germanophone et parlant un peu français, s'exprimant avec calme et pondération, il est alors dépeint dans la presse comme le nouveau visage respectable d'un régime longtemps accusé de soutien au terrorisme. Le fils du leader libyen mène campagne pour l'ouverture de son pays aux médias privés. Il a lancé en août 2007 la première chaîne de télévision privée ainsi que les deux premiers journaux privés du pays.

Mais depuis 2009, son programme de réformes connaît des revers, notamment dans le domaine de la presse. En décembre 2010, sa Fondation a annoncé son retrait de la vie politique locale, pour se consacrer désormais aux oeuvres de bienfaisance à l'étranger. Célibataire à la mise branchée, affectionnant des lions domestiqués, amateur de pêche sous-marine, de chasse au faucon et de randonnées à cheval, Seif Al-Islam s'adonne également à la peinture.

afp/cab

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