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Une année après le séisme, Haïti pleure ses morts

Le président haïtien René Préval et sa femme, en compagnie du Premier ministre (à droite), ont rendu hommage aux victimes. [Ramon Espinosa]
Le président haïtien René Préval et sa femme, en compagnie du Premier ministre (à droite), ont rendu hommage aux victimes. - [Ramon Espinosa]
Les rues habituellement animées de Port-au-Prince étaient calmes mercredi pour le premier anniversaire du séisme qui a fait plus de 316'000 morts, selon un nouveau bilan. Des milliers de personnes vêtues de blanc, couleur du deuil à Haïti, assistaient à des messes du souvenir.

L'ambiance était au recueillement, bien avant la minute de silence qui doit être respectée à 16h53 précises (22h53 en Suisse), à l'heure exacte où le séisme de magnitude 7 a fait trembler la terre le 12 janvier 2010.

Par ailleurs, le bilan du séisme du 12 janvier 2010 en Haïti a été revu à la hausse et s'établit désormais à plus de 316'000 morts, a déclaré mercredi le Premier ministre Jean-Max Bellerive. Le précédent bilan faisait état de 250'000 tués. Le Premier ministre a ajouté que la catastrophe avait fait 350'000 blessés et 1,5 million de sans-abri.

Mémorial en face du palais présidentiel

Le président René Préval a posé la première pierre d'un mémorial qui sera érigé en face du palais présidentiel "pour ne jamais oublier les victimes", a-t-il déclaré. Le chef de l'Etat, vêtu d'un costume sombre, a assisté à une cérémonie du souvenir en compagnie de plusieurs membres du gouvernement et de l'ex-président américain Bill Clinton, très impliqué dans la reconstruction d'Haïti.

"Ce malheur doit nous réunir ensemble pour reconstruire Haïti", a dit M. Préval, visiblement ému, et appelant les Haïtiens à rester solidaires. Une place doit être construite à l'endroit où se trouvait le plus grand bâtiment administratif d'Haïti, rasé par le séisme et où ont péri des dizaines de fonctionnaires.

Plusieurs mémoriaux doivent aussi être érigés en province à la mémoire des victimes. L'anniversaire du séisme devait être célébré également hors des frontières du pays, comme à Miami où vit une importante communauté haïtienne et où une fresque murale doit être inaugurée.

Des malades du choléra, le 22 décembre 2010 à Sarthe, près de Port-au-Prince, en Haïti
Des malades du choléra, le 22 décembre 2010 à Sarthe, près de Port-au-Prince, en Haïti

Un pays meurtri

Douze mois après la catastrophe, le pays le plus pauvre des Amériques ne s'est toujours pas relevé. Les 800’000 réfugiés qui continuent à vivre dans des conditions très difficiles dans des camps sont là pour en témoigner. Le pays est embourbé dans une crise économique et les infrastructures sont à genoux. A cela s'ajoute une épidémie de choléra qui sévit depuis la mi-octobre.

Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, 3759 personnes en sont mortes et, à en croire l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le pic de propagation de la maladie n'a pas encore été atteint. "Il y aura certainement encore beaucoup de cas de choléra en Haïti, c'est certain", a prévenu mardi une porte-parole de l'OMS lors d'un point de presse à Genève.

Crise politique

Ces 48 heures d'hommages interviennent aussi au beau milieu d'une crise politique née du premier tour contesté de la présidentielle du 28 novembre. Lundi, l'Organisation des Etats américains (OEA) devait remettre un rapport aux autorités locales dans lequel elle préconise que Jude Célestin, le candidat du pouvoir, quitte la course à la présidentielle.

L'ONU s'inquiète de la tâche qu'il reste à accomplir pour la reconstruction du pays. [Logan Abassi]
L'ONU s'inquiète de la tâche qu'il reste à accomplir pour la reconstruction du pays. [Logan Abassi]

Le texte est un rapport d'évaluation du premier tour de l'élection. Il a été rédigé par dix experts de l'OEA, arrivés en Haïti fin décembre. Le président Préval s'est refusé à tout commentaire sur ce document. Selon les résultats proclamés début décembre par le Conseil électoral, l'ex-première dame Mirlande Manigat arrive en première position avec 31% des voix, devant Jude Célestin (22%).

Michel Martelly, qui conteste ces résultats, arrive de justesse en troisième position avec 21% des voix et n'est donc pas qualifié pour le second tour, au grand dam de ses partisans qui avaient manifesté violemment dans le pays. Un deuxième tour est en principe prévu dimanche, mais le délai semble impossible à tenir.

Lundi, René Préval a expliqué qu'il ne pouvait plus quitter le pouvoir comme prévu le 7 février parce qu'à cette date, "on n'aura pas de président élu". Lui et ses adversaires politiques devraient toutefois profiter des cérémonies du premier anniversaire du séisme pour faire la trêve.

agences/bkel/jzim

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