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Le clan du président kazakh accusé de blanchiment

French President Nicolas Sarkozy, left, greets Kazakhstan President Nursultan Nazarbaïev at his arrival for a meeting at the Elysee Palace in Paris, Wednesday Oct. 27, 2010.(AP Photo/Remy de la Mauviniere)
Le président kazakh Nursultan Nazarbaïev lors d'une visite à Paris en octobre 2010
Dans son édition datée du 27 novembre, Le Monde révèle que le Ministère public de la Confédération (MPC) aurait ouvert une enquête pour blanchiment contre Timur Kulibayev, gendre du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev. Les fonds délictueux, fruits de la corruption, s'élèveraient à 600 millions de dollars.

C'est l'avocat genevois des dénonciateurs, Me Bruno de Preux, qui a décidé de rendre public l'affaire. Selon lui, l'enquête ouverte par le Ministère public de la Confédération (MPC) en septembre 2010 contre Timur Kulibayev porterait sur le blanchiment de 600 millions de dollars. Contacté par Le Monde, le Ministère public refuse de confirmer ou infirmer cette information.

Timur Kulibayev et son épouse Dinara, fille du président Nazarbaïev, sont déjà connus en Suisse romande pour avoir acquis une somptueuse propriété de 7960 m2 à Anières (GE) estimée à 74,7 millions de francs. Ils ont également acheté, grâce à un montage financier très complexe, l'emblématique villa Romantica au Tessin, une acquisition qui avait également fait couler beaucoup d'encre (voir notre enquête de mars 2010).

Gaz, pétrole et corruption

Les fonds délictueux seraient notamment le fruit de la corruption entourant la vente d'actifs gaziers et pétroliers de l'Etat kazakh. Ils auraient été amassés entre 2000 et 2005, alors que Timur Kulibayev était directeur de la compagnie nationale en charge du réseau d'oléoducs, puis numéro deux d'une holding pétrolière.

Des "actes d'instruction ont été menés à Zurich, Genève et Lugano", d'après Me de Preux, qui ajoute que les plaignants - des citoyens kazakhs en lutte contre la corruption - souhaitent rester anonymes "en raison des risques sévères de représailles".

Depuis 1999 et le premier "kazakhgate" (une affaire portant sur des dizaines de millions de pots-de-vin, voir encadré), de nombreuses procédures ont été lancées au Kazakhstan, mais le Ministère public a toujours refusé d'entrer en matière.

Guerre des clans

Selon Le Monde, cette procédure en Suisse s'inscrit dans le contexte d'une guerre des clans kazakhs. Mukhtar Abliazov, un richissime homme d'affaires, a été contraint à l'exil à Londres après avoir affiché des ambitions politiques. Il aurait alors décidé d'agir en Suisse où vit son gendre, Ilias Khrapunov, fils de l'ancien maire d'Alma-Ata tombé lui aussi en disgrâce. Les deux hommes seraient à l'origine de la procédure lancée par Me de Preux.

Tybalt Félix

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Le "kazakhgate"

En 1999, le parquet de Genève ouvre une enquête sur un système de corruption lié à des transactions pétrolières. Les investigations mènent aux comptes suisses du président kazakh et de sa famille, près de 84 millions de dollars sont bloqués. Ils sont libérés en 2008 à condition que l'argent soit utilisé dans des programmes d'aide à l'enfance.