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Le Conseil des droits de l'homme critique les USA

Michael Posner et Esther Brimmer [Salvatore Di Nolfi]
Michael Posner et Esther Brimmer, de la délégation américaine, ont répondu point par point aux remarques émises. - [Salvatore Di Nolfi]
Les Etats-Unis ont affronté vendredi une salve de critiques devant le Conseil des droits de l'homme. La peine de mort, les détentions sur la base de Guantanamo, les tortures en Irak et en Afghanistan, le traitement des immigrés ont été le plus fréquemment évoqués.

La délégation américaine, venue en masse à Genève pour le premier examen des politiques en matière des droits de l'homme du pays, a affronté une salve de reproches à propos notamment du centre de détention de Guantanamo, la peine de mort ou la non ratification de traités internationaux.

Premier sur la liste des orateurs, Cuba a ouvert le bal en demandant aux Etats-Unis de mettre fin à l'embargo américain contre l'île, décrit comme "un génocide". Autre ennemi juré des Etats-Unis, l'Iran a estimé que "malheureusement les Etats-Unis ont été et continuent d'être ceux qui violent le plus systématiquement les droits de l'homme".

Islamophobie dénoncée

Plusieurs pays arabes ont évoqué leur préoccupation quant à l'"islamophobie" grandissante des Etats-Unis. Des pays occidentaux dont la Grande-Bretagne, l'Australie et la Suisse, ont pour leur part demandé un moratoire ou l'abolition de la peine de mort (lire ci-contre).

La France a "salué l'engagement pris par le Président Obama de fermer le centre de détention de Guantanamo". "Il importe que cette promesse soit honorée", a rappelé l'ambassadeur français Jean-Baptiste Mattei.

La délégation américaine a pris du temps pour répondre point par point à ces remarques. "Nous ne sommes pas satisfaits du statu quo et nous continuerons à améliorer nos lois", a assuré le Secrétaire d'Etat adjoint américain pour les droits de l'Homme, Michael Posner reconnaissant notamment que les communautés musulmanes américaines avaient fait part "d'un climat d'intolérance et de discrimination".

Aux détracteurs invoquant des violations des droits de l'homme dans les guerres en Irak et en Afghanistan, le conseiller juridique du Département d'Etat américain Harold Koh a rétorqué: "Qu'il n'y ait aucun doute là dessus, les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture et ne la pratiqueront pas". "Cette administration (Obama) a tourné la page dès son arrivée et en s'assurant sans équivoque d'un traitement humain de tous les individus sous garde américaine dans les conflits armés " a-t-il ajouté.

Au terme du débat la Secrétaire d'Etat adjointe américaine auprès des organisations internationales, Esther Brimmer a estimé que cet Examen périodique universel (EPU) que passe pour la première fois son pays devant ses pairs a constitué un "dialogue positif, utile, respectueux, équitable et largement constructif". Les Etats-Unis vont maintenant examiner les recommandations faites par les Etats et les ONG. Ils feront savoir mardi celles qu'ils acceptent, refusent ou pour lesquelles ils reportent leur réponse.

Les ONG américaines insatisfaites

Les nombreuses ONG américaines invitées à dialoguer avec les membres de la délégation américaine lors d'une rencontre spéciale et interactive ont estimé de leur côté que les Etats-Unis n'avaient pas réussi à convaincre. "Si l'objectif de la délégation américaine était de reprendre le flambeau d'un leadership des Etats-Unis dans le domaine des droits de l'homme, ils ont échoué lamentablement", a déclaré Ajamu Baraka, directeur de US Human Rights Network. Antonio Ginatta, de Human Rights Watch, a jugé la prestation américaine "décevante" notamment sur la question de la peine de mort ou les conditions de détention dans les prisons américaines.

L'EPU est une innovation majeure du Conseil, né en 2006 des cendres de la Commission des droits de l'homme. Il permet l'examen systématique et régulier de la situation des droits de l'homme dans chacun des 192 pays membres de l'ONU, pour éviter l'accusation de sélectivité.

afp/ats/hof

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La Suisse plaide pour l'abolition de la peine de mort

La Suisse a demandé vendredi aux Etats-Unis d'instaurer un moratoire sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort.

Devant le Conseil des droits de l'homme, elle a souhaité aussi que Washington trouve une solution aux 174 personnes encore détenues à Guantanamo.

S'exprimant au cours du débat sur l'examen du rapport des Etats-Unis, l'ambassadeur de Suisse à l'ONU Dante Martinelli a recommandé aux Etats-Unis "d'instaurer à tous les niveaux un moratoire sur les exécutions".

Il a souhaité aussi que les délinquants de 18 ans condamnés bénéficient d'une liberté conditionnelle.

L'ambassadeur de Suisse a également critiqué les conditions de détention des migrants sur territoire américain. Il a demandé que leur incarcération n'ait lieu que dans des cas exceptionnels et soit conforme aux normes internationales.

L'ambassadeur a en outre constaté que la base américaine de Guantanamo à Cuba n'est toujours pas fermée. Encore 174 personnes y sont détenues pour une durée indéterminée, a relevé Dante Martinelli.

En rappelant que la Suisse a accepté de faciliter la libération de trois détenus, l'ambassadeur a invité les Etats-Unis à "trouver une solution pour toutes les personnes encore détenues".

Tous les Etats membres de l'ONU peuvent faire des recommandations au pays examiné par le Conseil. Le pays concerné y répond ensuite, en les acceptant, les refusant ou reportant sa réponse.