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Chez l'Oncle Sam, la crise dessert les députées

Sarah Palin, l'atout évangélique du Parti républicain.
128 femmes républicaines ont emboîté le pas à Sarah Palin lors des primaires, mais deux tiers ont été battues.
L'année 2010 devait être celle des "Mama Grizzlies", les candidates ultra-conservatrices lancées à l'assaut du Congrès. Pourtant, à huit jours des législatives américaines, tout laisse à penser que le nombre de femmes élues pourrait diminuer pour la première fois depuis 1978.

Si le nombre de femmes élues au Congrès diminue comme le prédisent certains observateurs politiques, les Etats-Unis pourraient abandonner la 73e place mondiale en termes de représentativité féminine qu'ils partagent avec l'ancienne république soviétique du Turkménistan et reculer de plusieurs places, selon les classements compilés par l'Union interparlementaire (UIP).

Actuellement, sur les 533 parlementaires que compte le Congrès, 90 sont des femmes, soit 16,5%. La totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants et 37 des 100 sièges du Sénat vont être renouvelés au cours des élections de mi-mandat du 2 novembre. Or, avec cinq élues en moins, les Etats-Unis arriveraient derrière l'Albanie pour flirter avec la Corée du Nord et le Burkina Faso au classement dressé par l'UIP.

Montée éphémère des "Grizzlies"

Le nombre de candidates aux primaires a pourtant atteint des records cette année. Suivant les traces de leur égérie Sarah Palin, candidate à la vice-présidence américaine en 2008 aux côtés de John McCain, 128 femmes se sont présentées aux primaires républicaines. Ces candidates, ultra-conservatrices, médiatiques et nombreuses ont même été surnommées les "Mama Grizzlies" par Sarah Palin. L'ex-candidate souhaitait ainsi mettre en avant les qualités intrinsèques de ces femmes censées protéger l'Amérique comme une maman ours (grizzlie) prend soins de ses oursons.

Problème: les ourses ont disparu à l'issue des primaires. Deux tiers des candidates républicaines ont ainsi été battues. Côté démocrate, le nombre de candidates aux primaires a légèrement diminué par rapport à 2006 et 2008. Et celles qui ont passé avec succès l'étape des primaires sont souvent des candidates sortantes pas favorisées par une conjoncture politique globalement favorable aux républicains.

La conjoncture favorise les hommes

"Il y a beaucoup de femmes démocrates sortantes cette année et en ce moment, être sortante d'une part et démocrate de l'autre, c'est un peu la poisse", a déclaré à l'AFP Debbie Walsh, directrice du Center for American Women and Politics (CAWP) de l'université Rutgers.

La conjoncture économique difficile serait aussi un poids pour les candidates "parce que dans ces cas-là, les électeurs ont tendance à penser que les femmes ne sont pas aussi compétentes que les hommes en économie", explique dans USA Today la sondeuse Celinda Lake, qui conseille le parti démocrate.

Le Women's Campaign Forum (WCF) qui soutient les femmes dans les campagnes électorales juge la situation tellement inquiétante qu'il a décidé récemment de fermer tous ses bureaux pour envoyer ses équipes sur le terrain soutenir les candidatures des femmes, quel que soit leur parti.

afp/cem

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Les femmes parlementaires dans le monde

Dans le classement mondial des parlements nationaux qui comprennent le plus de femmes, les Etats-Unis occupent actuellement la 73e place avec 16,8% d'élues à la Chambre basse.

La Suisse, elle, fait une belle performance puisqu'elle est classée 27e avec 29% de femmes au Conseil national et 21,7% au Conseil des Etats. Sa voisine allemande se classe bonne 18e tandis que la France s'est oubliée au 64e rang, juste derrière le Tadjikistan. L'Italie, quant à elle, fait tout juste aussi bien que la Chine au numéro 56.

La médaille d'or revient au Rwanda, dont le peuple a élu respectivement 56,3% et 34,6% de députées aux chambres basses et hautes, alors que l'Afghanistan, la Colombie et le Vénézuela se partagent, bons derniers, la 136e place.

Cecilia Mendoza