De la Chine à la Suisse, six mois de vie avec le virus

Grand Format Covid-19

AFP - STR

Introduction

En dépit d'un effort international sans précédent, le coronavirus continue à progresser à travers le monde, tuant chaque jour des milliers de personnes. Récit de six mois de pandémie, des premiers cas officiellement reconnus en Chine au retour à une nouvelle normalité après des semaines de confinement.

Chapitre 1
Aux origines du virus

EPA/Keystone - Yuan Zheng

C'est le 30 décembre 2019 que le Docteur Li Wenliang fait part de sa crainte d'assister à une nouvelle vague de Sars (pour syndrome respiratoire sévère) à ses collègues dans un groupe privé sur WeChat. Ce virus, de la même famille que le SARS-CoV-2, était apparu pour la première fois en Chine en 2003 avant de se répandre dans 26 pays et d'infecter plus de 80'000 personnes.

Alors que le monde entier s'apprête à célébrer la nouvelle année, le médecin travaille aux urgences à l'hôpital central de Wuhan où sept patients, tous atteints de pneumonie, ont été mis en quarantaine. C'est la première fois que le nouveau coronavirus est identifié.

Trois jours plus tard, Li Wenliang est arrêté par la police avec huit autres personnes pour avoir "répandu des rumeurs", selon les médias chinois. Peu de  temps après, de retour au travail, il contracte lui-même la Covid-19 et décède à 34 ans, le 7 février.

>> Le portrait posthume du Dr Li Wenliang, par Marc Julmy :

Le médecin chinois qui avait lancé l'alerte en décembre à l'apparition du coronavirus est décédé
12h45 - Publié le 7 février 2020

D'où vient le virus?

Aujourd'hui encore, la lumière doit être faite sur l'origine de ce virus et sur sa propagation. Les premiers cas rapportés en décembre semblent tous avoir un lien avec le marché aux animaux de Huanan, à Wuhan.

Mais d'autres hypothèses ont circulé ces derniers mois, liées à la présence dans la ville chinoise de deux laboratoires de recherche qui étudient des virus présents sur des chauves-souris. Le premier, de niveau P4, est habilité à manipuler les virus les plus dangereux. Or, dès 2018, des experts américains s'inquiétaient de certains manquements, rapporte le Washington Post. Le second laboratoire, de niveau P2, se situe quant à lui à proximité du marché de Huanan.

>> Lire : Toujours plus de pressions sur Pékin sur sa gestion et sur l'origine du Covid-19

Plusieurs Etats occidentaux se sont emparés de ces révélations pour appeler à faire la lumière sur les origines du virus et sur la gestion des débuts de l'épidémie par la Chine. L'Australie a demandé une enquête internationale le 19 avril.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a pour sa part assuré début mai, avant de se rétracter, qu'il détenait "des preuves" que le Covid-19 provient d'un laboratoire chinois. Affirmation à laquelle la Chine n'a pas tardé à rétorquer en accusant les Etats-Unis, sans preuves, d'avoir fabriqué le virus.

Des cas dès l'automne?

Mais l'origine du virus n'est pas la seule zone d'ombre qui plane encore sur la pandémie. Des doutes subsistent sur le moment de son émergence. De plus en plus d'éléments portent en effet à croire que le SARS-CoV-2 circulait bien avant la fin décembre.

Ainsi, une étude de l'Université de Harvard, citée par Le Temps, a décelé une activité exceptionnelle, dépassant celle des épisodes de grippe annuels, à proximité des principaux hôpitaux de Wuhan dès octobre 2019. Le correspondant du quotidien suisse cite également l'explosion des recherches de mots-clés incluant des symptômes du virus sur le moteur de recherche Baidu dès la fin de l'été comme élément suspect.

Mais dans un pays comme la Chine, où l'information est étroitement contrôlée, ces soupçons restent difficiles à confirmer.

>> L'analyse de la crise du Covid-19 en Suisse de Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse :

Retour sur la crise du coronavirus avec Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse
19h30 - Publié le 18 juin 2020

>> Le sujet de Laurent Burkhalter dans le 19h30 :

Sur la piste des origines du coronavirus en Chine
19h30 - Publié le 18 juin 2020

Chapitre 2
La propagation du virus

Keystone/EPA - Matteo Corner

Neuf jours seulement après le premier décès signalé d'un patient atteint par le nouveau coronavirus, le 11 janvier, de nouveaux cas sont signalés au Japon, en Corée du Sud et en Thaïlande. En quelques semaines, il atteint l'Europe, moins habituée à affronter de tels virus.

>> Lire : Ces Etats asiatiques qui ont réussi à juguler l'avancée du coronavirus

Les premiers cas sont signalés dès la fin janvier en Italie, mais ce n'est qu'à partir du 21 février que l'inquiétude devient palpable lorsque 16 personnes sont testées positives en Lombardie et en Vénétie.

De premières mesures sont prises pour bloquer l'accès à onze communes de la province de Lodi. Puis, face à la progression fulgurante du virus et à la saturation du système hospitalier, le Premier ministre Giuseppe Conte annonce dès le 8 mars l'expansion de la zone de quarantaine à tout le nord du pays. Deux jours plus tard, c'est toute l'Italie qui sera placée à l'arrêt. Au total, le Covid-19 a fait près de 34'000 morts dans la péninsule.

>> Le reportage à Bergame de Valérie Dupont, notre correspondante en Italie :

Morts à Bergame
Mise au point - Publié le 22 mars 2020

La Suisse rattrapée à son tour

Pays frontalier, la Suisse ne tardera pas à emboîter le pas au voisin transalpin. Le 16 mars, l'état d'urgence est déclaré, les restaurants et commerces fermés. Sur le plan médical, ces mesures ont permis de maîtriser la pandémie, mais côté politique, la stratégie du Conseil fédéral n'est pas exempte de critique.

>> Le sujet de Pierre Nebel dans le 19h30 :

Bilan de la gestion de la crise du coronavirus et de l'action du Conseil fédéral
19h30 - Publié le 18 juin 2020

>> Les débuts de l'épidémie en Suisse avec Bertrand Kiefer :

Les débuts de l'épidémie de coronavirus en Suisse  avec Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse
19h30 - Publié le 18 juin 2020

Chapitre 3
Confinement généralisé

afp - Riccardo Milani / Hans Lucas

Tout au long du mois de mars, des mesures de confinement plus ou moins strictes sont ensuite prises dans la majorité des pays européens. Même le Royaume-Uni, d'abord tenté par une stratégie différente, se ravisera face à l'explosion du nombre de cas.

>> Notre grand format : Le monde en mode pause face au coronavirus

Seule la Suède fera le choix assumé de ne pas priver sa population de sortie. Etait-ce la bonne option? Personne ne peut l'assurer à ce stade.

>> Le reportage de Tristan Dessert, envoyé spécial en Suède :

Suède
Mise au point - Publié le 10 mai 2020

Alors que l'Europe tire aujourd'hui profit des mesures de précaution imposées pendant plusieurs semaines à ses habitants, le Covid-19 ravage le continent américain.

>> Le sujet de Laurent Burkhalter sur la situation aux Etats-Unis :

Aux États-Unis, les cas de Covid-19 sont en hausse, notamment dans les États qui ont relâché les mesures pour raisons politiques
19h30 - Publié le 11 juin 2020

Les politiques laxistes adoptées par Donald Trump aux Etats-Unis et Jair Bolsonaro, au Brésil, expliquent en partie le déplacement de l'épicentre de la pandémie. Mais dans d'autres pays comme le Pérou et le Chili, des mesures précoces de fermeture des frontières et de confinement n'ont pas stoppé le virus.

>> Lire : Le Pérou rattrapé par la pandémie de coronavirus malgré lui

En six mois, la pandémie s'est étendue à 88 pays et a infecté plus de 6,6 millions de personnes. Elle a aussi mis en péril l'économie mondiale et fait plonger des dizaines de milliers de personnes dans la pauvreté.

Chapitre 4
De quoi sera fait l'avenir ?

Keystone - Martial Trezzini

Alors que les frontières rouvrent en Europe, où le nombre de cas dépistés a drastiquement diminué, le virus reste actif dans plusieurs pays à travers le monde.

>> Lire : Les frontières sont ouvertes et chaque pays impose ses conditions d'entrée

Un rebond est observé dans plusieurs pays, parmi lesquels l'Iran, Israël, l'Arabie saoudite et la Chine. Depuis mi-juin, une centaine de nouveaux cas ont en effet été dépistés à Pékin en lien avec un marché de nourriture visité par des milliers de personnes par jour.

Des mesures ont été prises, des zones résidentielles mises en quarantaine et les 21 millions d'habitants appelés à ne pas quitter la ville, mais l'Organisation mondiale de la santé s'est dite inquiète.

Une seconde vague?

Si la Suisse vit dans l'espoir que la pandémie se trouve derrière elle, avec 20 à 25 nouveaux cas par jour en moyenne, les experts jugent très peu probable que le virus disparaisse. S'il a un effet, l'été ne jouera qu'un rôle mineur sur la dynamique de l'épidémie.

Quant au niveau d'immunité, il reste très faible: 10% de la population genevoise a été en contact avec le nouveau coronavirus et seulement 7% des Vaudois.

"Je crains qu'on n'arrive pas complètement à empêcher une seconde vague, mais on arrivera à en empêcher les effets les plus délétères et même à empêcher le confinement strict comme cet hiver", estime Antoine Flahaut, le directeur de l'Institut de santé globale à l'Université de Genève.

Des précautions à prendre

"Il existe toute un panoplie de mesures de réduction des risques qui nous permettent de reprendre la vie comme avant mais avec quelques précautions", poursuit le professeur, qui cite en particulier le port du masque. Et pour éviter une résurgence, la Suisse mise depuis la sortie du semi-confinement sur l'isolement des cas et le traçage des contacts.

Le seuil à partir duquel il faut être de plus en plus vigilant et alerté, c'est une pente qui augmente de façon prolongée et qui augmente au-dessus de 250 cas par jour

Prof. Antoine Flahaut, Université de Genève

Cette stratégie, qui a fait ses preuves ailleurs, consiste à suivre le virus à la trace, casser les chaînes de transmission et prendre des mesures localement, comme cela a été fait récemment à Martigny. Surveiller en attendant qu'un traitement efficace ou un vaccin n'offre une solution durable.

>> Le sujet d'Aurélie Coulon dans le 19h30 :

Coronavirus: quel avenir pour la Suisse? Plusieurs scénarios sont possibles
19h30 - Publié le 18 juin 2020