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Des dissidents font perdre à Macron sa majorité absolue à l'Assemblée

Emmanuel Macron va perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale
Emmanuel Macron va perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale / Forum / 3 min. / le 18 mai 2020
La République en marche, parti du président Emmanuel Macron, a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale française, à la suite de la création mardi d'un nouveau groupe parlementaire formé de dissidents de sa formation politique.

C'est l'aile gauche de la République en marche (LREM) qui a formé ce groupe parlementaire. Baptisé "Ecologie Démocratie Solidarité", il se veut "indépendant", "ni dans la majorité, ni dans l'opposition", écrivent dans leur déclaration politique les élus.

Avec ce neuvième groupe de 17 députés, le parti LREM tombe à 288 députés, juste sous le seuil de la majorité absolue (289 sièges) qu'il détenait jusqu'alors à lui seul.

Cette dissidence ne change toutefois pas grand-chose pour les affaires courantes du pouvoir, car le président de la République dispose toujours du soutien d’une large majorité des députés grâce aux autres formations centristes. Mais il en est désormais terminé de l’unité de façade des "marcheurs" qui, partis de rien, avaient conquis le pouvoir en France.

Un parlement moins docile

Sous l'hégémonie d’un seul parti, l'Assemblée nationale a eu parfois des allures de caisse enregistreuse des décisions gouvernementales. Désormais, avec ce nouveau groupe - pour la plupart transfuges de LREM - Emmanuel Macron devra composer avec un parlement moins docile.

Les profils de ces frondeurs sont assez variés - on y trouve notamment Cédric Villani, exclu du parti en raison de ses ambitions municipales à Paris - mais globalement, il s’agit de l’aile sociale et écologiste de LREM, la fameuse "jambe gauche" d'un parti qui se voulait à l'origine à la fois de gauche et de droite.

Le nouveau groupe entend, selon ses membres, contribuer à "une ambition forte de transformation sociale et écologique".

Des attentes déçues

Le parti a clairement déçu certains marcheurs de la première heure, qui le disent depuis un certain temps: en matière environnementale, sur l’immigration ou sur la justice sociale, ils n’ont pas trouvé leur compte. Pour eux, le président élu en grande partie grâce aux voix de la gauche en 2017 a gouverné ensuite dans l’objectif de séduire les électeurs de droite.

Reste qu'à la faveur de la crise du coronavirus, Emmanuel Macron semble prêt désormais à revoir les grandes orientations politiques de la fin du quinquennat. Les députés rebelles, qui avaient préparé leur coup avant la pandémie, se retrouvent peut-être à contre-temps.

Nécessité de propositions concrètes

Désormais, chacun veut penser le monde d'après. On a vu les inflexions du pouvoir, ces dernières semaines, avec des ministres libéraux plaidant pour une intervention massive de l’Etat. Emmanuel Macron lui-même, à propos du choc mondial, a dit: "Nous avons tous embarqué dans l’impensable et sommes face au besoin d’inventer quelque chose de nouveau".

Il s'agit maintenant d'apporter des propositions concrètes et en ce sens, le plan d’investissement pour l’hôpital est peut-être le premier signe d'une orientation nouvelle.

"Cocotte-minute" sociale sur le feu

Mais le chef de l'Etat sera-t-il prêt à aller plus loin, avec par exemple un grand geste social en retirant la réforme contestée des retraites? Car, pour Emmanuel Macron, le danger est moins cette nouvelle sous-chapelle partisane que le mécontentement populaire. La "Cocote minute" sociale siffle toujours, avec une pression décuplée par le confinement et la récession économique à venir.

Alexandre Habay/oang/boi

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