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Rumeurs de crise au Congrès juif mondial

Israel Singer n'avait pas été tendre envers la Suisse
Israel Singer n'avait pas été tendre envers la Suisse
Israel Singer ne fait plus partie du Congrès juif mondial, a annoncé l'organisation sans plus d'explications. Le départ forcé de l'ex-secrétaire général, dont la gestion avait suscité des critiques des juifs suisses, alimente les rumeurs de crise.

«Pour son travail au nom des juifs d'Union soviétique, pour ses
révélations sur le passé nazi de Kurt Waldheim... pour son rôle de
leader dans le dialogue des juifs avec les religions musulmane et
chrétienne, le monde juif a à l'égard d'Israel Singer une énorme
dette de gratitude», ajoute l'organisation, qui depuis 71 ans
représente les communautés juives de plus de 80 pays.

Mauvaise gestion?

La lettre ne donne pas les raisons du départ, mais une source au
Congrès a évoqué des raisons légales après un audit sur une
mauvaise gestion. En février 2006, Israel Singer avait dû renoncer,
pour cause de mauvaise gestion, à toutes responsabilités
financières au sein du CJM, après un accord passé avec le procureur
général de l'Etat de New York, Eliot Spitzer.



En 2004, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI)
avait demandé au CJM des explications sur la fermeture du bureau de
Genève et exigé un audit externe. Dans son rapport, la justice
américaine avait dénoncé une mauvaise gestion au sein du CJM. Le
rapport n'avait relevé aucun agissement contraire à la loi, mais
mettait en évidence l'absence de contrôle financier efficace pour
superviser l'utilisation des dons.



Jeudi soir, des journaux israéliens spéculaient sur une profonde
fracture au sein du CJM. Selon le quotidien «Haaretz», «les
dirigeants du Congrès juif en Europe et en Israël ont informé (le
président Edgar) Bronfman jeudi qu'ils étaient choqués par la
décision, et ont menacé de retirer leurs organisations du CJM s'il
ne revenait pas sur le renvoi de Singer».

Appel aux réformes

Interrogé vendredi par l'ATS après l'annonce du départ forcé
d'Isral Singer, le président de la Féfération des communautés
israélites de Suisse Alfred Donath a dit espérer que le CJM allait
«tirer toutes les conséquences». Selon lui, l'organisation doit
être démocratisée. Elle doit par ailleurs faire en sorte de redorer
son image.



Bien qu'il ait croisé le fer avec Israel Singer au cours des
dernières années (voir ci-contre), Alfred Donath a
assuré n'avoir «aucun sentiment de triomphe». Il s'est dit plutôt
triste quant à la «fin politique» d'un homme qui a joué un «rôle
important» durant plusieurs années à la tête du CJM.



ats/cab

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Le Congrès juif mondial en bref

Le Congrès juif mondial (CJM), fondé en 1936 à Genève, est une organisation faîtière qui regroupe plus de 80 organisations nationales librement affiliées, où il s'interdit toute ingérence.

Nombre de communautés juives n'en font pas partie.

Créé pour lutter contre la menace du nazisme, il est basé sur l'idée que le destin du peuple juif est unitaire. (source: www.actufiches.ch/)

Homme critique envers la Suisse

Israel Singer avait critiqué à plusieurs reprises le rôle de la Suisse durant la IIe Guerre mondiale.

En tant que secrétaire général du CJM, il s'en était pris dans les années 90 aux banques suisses en raison des comptes en déshérence des victimes de l'Holocauste ainsi qu'à la politique de neutralité de la Suisse face au régime nazi.

En janvier 2005, à l'occasion des 60 ans de la libération du camp d'Auschwitz, il avait qualifié la neutralité helvétique face au nazisme de «crime».

Ces déclarations avaient suscité l'émoi. Le président de la FSCI, Alfred Donath, avait exigé des excuses.

Parallèlement à ses critiques, Israel Singer avait loué la création par la Confédération du Fonds spécial pour les victimes de l'Holocauste au printemps 1997. Il avait qualifié l'accord d'août 1998 entre les banques suisses et les milieux juifs de «pas dans la bonne direction».